On a dit de Georges Simenon que – pour l'ensemble de son œuvre – il finirait par revevoir le prix Nobel et il ne l'a eu. Cela n'a aucune importance.

Pour son premier roman, Le grand Meaulnes, l'écrivain français Alain-Fournier aurait dû recevoir le prix Goncourt. Il ne l'a pas eu. Cela, non plus, n'a aucune importance.

Formidable paradoxe entre ces deux auteurs ! Le premier, né en 1903, a connu dix mille femmes et publiés plus de quatre cent romans. Le second, né en 1886 et disparu à la guerre en 1914, a vu sa vie profondément marquée par l'amour manqué d'une femme, dont il a fait l'héroïne de son unique roman.

En 1951, dans la revue littéraire « Le Portique » (n° 8), Jean Loize entreprend de recenser tous les Grand Meaulnes, et plus particulièrement les éditions illustrées : il en compte seize, auxquelles il ajoute six suites sans texe.

Après les neuf lithographies réalisées par le jeune décorateur de théâtre et affichiste André Beaurepaire à la fin de l'année 1950, les informations manquent. Pourtant le roman d'Alain-Fournier a connu de nouveaux illustrateurs et les traductions se sont multipliées.

Avec la complicité d'Alain Rivière, président de l'association des Amis de Jacques Rivière et d'Alain-Fournier, qui a aimablement ouvert les portes de sa bibliothèque, il est tenté ici de combler les lacunes concernant les éditions illustrées du Grand Meaulnes.

Répertorier les éditions illustrées du Grand Meaulnes, c'est témoigner de la richesse et de la diversité graphiques suscitées par cet œuvre au fil des années. Certes, aujourd'hui – nonante ans après sa création – le beau livre a perdu de sa suberbe et la bibliophilie est un créneau dans lequel se nichent de moins en moins d'éditeurs. Dommage !

Ce recensement propose une maigre compensation et donne à voir – en quelques images – comment différents artistes ont approché le Grand Meaulnes, de quelle manière ils l'ont apprivoisé et jusqu'où leur imagination, leur savoir-faire et leur sensibilité se sont combinés avec le roman d'Alain-Fournier.

Cette bibliographie du Grand Meaulnes est née au printemps 2004. N'en sont donc construites aujourd'hui que les fondations. C'est un matériau vivant, qui va être mis à jour en permance. A chaque fois, que de nouveaux éléments viendront l'enrichir, jusqu'à devenir un outil aussi utile dans la connaissance de l'œuvre d'Alain-Fournier que l'a été, en 1950, le recensement de Jean Loize.