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Rédaction
A bord de l'Ostrogoth, Stavoren (Pays-Bas), durant l'hiver
1929-1930.
Selon les archives secrétariales et le livre de comptes
de Simenon : durant hiver 1930-1931.
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Manuscrit
[ ? ].
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Publication d'une préoriginale
Dans l'hebdomadaire « Détective », n° 84 (énigme)
et 86 (dénouement) des 5 et 19 juin 1930 (soit 2 livraisons),
sous le pseudonyme de Georges Sim.
Bus, 1930.
Publication en préoriginale.
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Edition originale
In Les
13 coupables (Paris, A. Fayard, 1932).
L'ouvrage est publié sous le patronyme de l'auteur.
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Réédition(s)
en français
[En préparation].
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Edition(s) collective(s)
en français
Liste non exhaustive
In uvres
complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973)
- tome VI.
In Tout
Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993)
- tome 17.
In Tout
Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome
17.
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Traduction(s)
Liste non exhaustive
En allemand :
[ ? ] : [ ? ].
En anglais :
[ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
[ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).
En italien :
[ ? ] : [ ? ].
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Remarque(s)
Bus est le dernier volet d'une série de treize nouvelles
qui font l'objet d'un concours hebdomadaire, primé en espèces.
Chaque nouvelle s'étend sur deux numéros : dans le premier
sont posés tous les éléments de l'énigme
; dans le second, en quelques lignes, est donné son dénouement.
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Intrigue
La Sûreté de New York a lancé un avis de recherche
à toutes les polices européennes. Celui-ci a également
été inséré dans les journaux américains
:
1'000 dollars de récompense à qui fera retrouver
Ronald Morton, dit Bus, de race noire, vivant habituellement dans
le faubourg de Harlem, garçon de restaurant. Age apparent :
vingt-cinq ans. Taille élevée. Jambes maigres. Torse
bombé. Front bas.
Le 21 mai, dans un bar, une dispute éclate et Bus tire quatre
coups de revolver : deux morts un blessé. Le lendemain, il
abat le chef du district qui tentait de lui barrer le passage. A la
fin de la nuit, il fusille deux policiers ayant retrouvé sa
trace dans un meublé.
A bord du Mauritania, voyageant en fraude, Bus fait encore
deux victimes. Le 31 mai, il est arrêté au Havre au moment
où il pénètre dans la gare avec un billet de
première classe pour Paris. L'homme se laisse appréhender
sans opposer de résistance et, selon le rapport de police,
joue l'idiotie.
Le 5 juin, Bus est conduit dans le cabinet du juge d'instruction Froget,
au Palais de Justice de la Seine (Paris, France). Son allure est piteuse
et désespérément humble. Il se tient en équilibre
instable au bord de la chaise sur laquelle on l'a fait asseoir, les
prunelles dilatées, les paupières gonflées, le
teint gris et mat. Des vêtements sales et déchirés.
Le visage tuméfié. Des éraflures aux mains et
aux coudes. Il est certain qu'il a été passé
à tabac.
Devant Froget, le nègre semble prêt à éclater
en sanglots. D'ailleurs, il a des larmes, de vraies larmes, mais silencieuses,
sur ses joues. Parfois, il renifle, mais le plus discrètement
possible, comme s'il craignait de nouveaux coups. Des informations
complémentaires de New York ont indiqué :
Originaire du Congo belge. A travaillé pendant plusieurs
années dans les plantations du Sud. (
) Vêtu d'un
complet gris clair. (
) Souliers vernis noirs. Revolver Colt
12 mm modèle 1913, dont le barillet est vide. Parle couramment
l'anglais et comprend l'espagnol et l'italien.
On avait interrogé Bus dans les trois langues sans succès.
Le juge Froget, ne connaissant que le Français, ne se donne
pas le ridicule d'entreprendre une nouvelle expérience. En
le faisant amener dans son bureau, il voulait seulement avoir l'homme
devant lui. Et contre son habitude, il ne reste pas assis, une épaule
plus haute que l'autre, dans sa pose favorite. Il marche, de long
en large, comme sous le coup d'une certaine fièvre. Et de temps
à autre, consulte un document, une note.
Soudain, le magistrat ouvre la porte et appelle un garde, auquel il
demande d'enlever les chaussures de Bus. Les pieds du nègre
apparaissent, sanglants. Depuis plusieurs jours, il a dormi tout habillé,
avec ses souliers. Ses jambes sont maigres et sales.
Au garde, Froget demande encore de mesurer les pieds de Bus : du quarante-six.
Quant à la pointure des souliers vernis : du quarante-quatre.
Moins d'une heure après ce qu'il est difficile d'appeler un
interrogatoire, le juge Froget obtient la confirmation de ses présomptions
quant à la non culpabilité du nègre. Alors qu'il
avait été jusqu'au Havre un virtuose de la fuite, il
se fait prendre de façon stupide. Il n'y a rien de plus sinistre
que de voir souffrir un être qui ne comprend pas pourquoi il
souffre !
S'il avait été Bus, le nègre arrêté
au Havre n'aurait eu aucune raison de porter des souliers trop courts
et trop étroits, puisqu'il avait de l'argent. Dans son bureau,
ce n'est donc pas Bus que Froget avait en face de lui.
Une enquête menée par téléphone lui confirme
que le prévenu est un malheureux nègre du Haut-Congo
à qui on a tant parlé de l'Europe qu'il n'a plus qu'un
rêve : y venir pour faire fortune. Un compatriote peu scrupuleux
le fait embarquer à bord du Mauritania, et l'abandonne sur
les docks du Havre, sans le sou et surtout sans moyen de communiquer
avec les hommes.
C'est là que Bus, le vrai Ronald Morton, le rencontre et le
mystifie. Il lui donne ses vêtements, ses chaussures, le revolver
et lui procure un le billet de train pour Paris. Ce qui lui laisse
le temps de se mettre à l'abri avant qu'on ne s'aperçoive
de la vérité.
Froget évite au malheureux nègre la peine qu'il encoure
pour avoir voyagé en fraude et lui paie personnellement son
retour au Congo.
Quant à Bus, il se fera tuer de trois coups de couteau, quelques
jours plus tard, dans une maison de tolérance de Rouen, où
il achevait de dépenser ses derniers dollars.
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