Le gros lot
Nouvelle

  • Rédaction
    Lakeville (Connecticut, U.S.A.), rédaction achevée le 11 novembre 1953.


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Aucune.
    Le gros lot date de la période américaine de Simenon. Cette nouvelle est née d'une commande faite par le « Reader's Digest » pour une série intitulée L'être le plus extraordinaire que j'ai rencontré. Il n'existe cependant aucune trace de la nouvelle qui, dans sa traduction américaine, aurait dû être publiée sous le titre The Jackpot.


  • Edition originale (publication posthume)
    In Trois nouvelles inédites, supplément au tome 12 de Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1990).


  • Réédition(s) en français
    Aucune.


  • Edition(s) collective(s) en français
    Aucune.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Remarque(s)
    Jusqu'à sa publication en volume aux Presses de la Cité, Le gros lot était un texte demeuré inédit.


  • Intrigue
    Charles Perrin a quarante-trois ans. C'est un homme modeste, qui occupe un poste de comptable chez Gavelle et Saimbron, marchands de porcelaine et de verrerie en gros. Il habite depuis sa naissance le quartier Saint-Antoine (Paris, France), dans lequel il côtoie des commerçants, des artisans et des employés, comme lui.

    Charles est marié depuis dix-sept ans et sa fille, Nicole, vient d'atteindre ses quatorze ans. Tous les jours, il se lève à six heures et demie et se rend à son travail en métro, un peu après huit heures. Comme chaque mois depuis trois ans, à la même date, il achète le journal et consulte en première page la liste des numéros gagnants de la Loterie nationale.

    Ayant la mémoire des chiffres, il connaît le numéro de son billet par cœur. Comme il n'a jamais imaginé gagner un lot important, il commence sa lecture par la colonne du bas. Celle des lots de cinq ou dix mille francs.

    Cette fois, cependant, il doit se rendre à l'évidence : il a gagné le gros lot de cinq millions de francs. Charles Perrin ne dit rien à sa famille, place son argent dans une banque et quitte son employeur. Il garde les mêmes habitudes, mais au lieu de se rendre au travail, va s'installer dans un fauteuil, à la Bibliothèque nationale. Toute sa vie, il a eu la passion de la lecture, mais n'avait jamais pu la satisfaire.

    Charles lit les œuvres complètes d'Alexandre Dumas, puis toute la collection de la « Gazette des Tribunaux ». Justifiant d'une augmentation de salaire, puis d'un changement de statut — il est devenu le bras droit du nouveau directeur, celui qui, dans son imaginaire, a remplacé M. Saimbron — il change le mobilier du salon, fait des cadeaux à sa femme et à sa fille, et leur offre des vacances à la mer.

    Charles Perrin s'invente une nouvelle vie et, de mensonges en mensonges, continue de cacher la vérité aux siens. A leurs yeux, il devient un personnage important, dont on a longtemps sous-estimé les capacités.

    Outre la Bibliothèque nationale, Charles joue au billard et va parfois au cinéma. Il en fut ainsi pendant trois ans. Jusqu'au soir où sa Nicole, qui l'attendait à la sortie du métro, lui avoue être passée à son bureau pour lui annoncer une nouvelle importante… et qu'elle appris que son père ne travaillait plus pour Gavelle et Saimbron depuis longtemps.

    C'est ainsi que Charles fut amené à s'expliquer devant sa femme et sa fille. Une fois sa confession terminée, il subit les premiers sarcasmes de son épouse :

    — Ainsi, tu n'avais même pas eu d'augmentation ! J'aurais dû m'en douter !

    Depuis, Charles Perrin a repris son air humble et timide. Il s'est retiré à Antibes, sur la Côte d'Azur, où il a acheté une librairie. Il passe le plus clair de son temps à lire derrière son comptoir. Sa femme mène une vie assez mondaine. Quant à Nicole, elle est mariée. C'était pour lui demander son consentement qu'elle avait voulu le voir au bureau.

    Malgré le bleu de la mer, Perrin regrette sa rue Saint-Antoine. Et la Bibliothèque nationale, où l'on ne venait pas le déranger toutes les dix minutes pour lui demander un livre.

    — Si seulement j'avais gagné un lot de dix ou vingt mille francs…




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