Texte intégral
Cher Mac Orlan,
Ne craignez rien. Si je me permets de joindre mon hommage à
tous ceux que réunit ce cahier des Belletriens, ce n'est
qu'au modeste titre de romancier et donc, n'étant pas critique,
je ne tenterai pas, après tant d'autres, d'analyser votre
uvre. Je sais, par expérience, ce que ces analyses
ont souvent de désagréable pour celui qu'elles concernent,
même lorsqu'elles sont les plus louangeuses.
Vous êtes un grand bougre, cher Mac Orlan. Tout le monde
en convient et vous classe parmi les très rares bonshommes
qui, gentiment, simplement, apprennent aux autres à regarder
autour d'eux avec des yeux neufs. De sorte que tous, nous vous
devons quelque chose.
Nous vous devons aussi de nous avoir donné un exemple,
celui d'une vie dans laquelle il n'y a rien à gommer, d'un
écrivain qui est un homme, d'un homme en harmonie avec
ce qu'il fait et avec ce qu'il écrit.
C'est rare, Mac Orlan, et je vous en dit affectueusement et respectueusement
merci.
Georges Simenon.