Le temps d'Anaïs
[L'auberge d'Ingrannes]
Roman

  • Rédaction
    « Shadow Rock Farm », Lakeville (Connecticut, U.S.A.), du 24 octobre au 1er novembre 1950.


  • Manuscrit
    Manuscrit autographe ; paginations multiples (au total 51 feuillets) ; corrections peu nombreuses, principalement des suppressions, réalisées en cours d'écriture ; à la fin du chapitre 1, quelques notations fragmentaires (pour la rédaction du chapitre suivant ?) ; signé et daté de : Shadow Rock Farm, Lakeville, le 31 octobre 1950.
    Dactylographie faisant suite au manuscrit ; 172 feuillets ; corrections de l'auteur à l'encre noire, quelques corrections d'une autre main à l'encre bleu clair ; signée et datée de : Shadow Rock Farm, Lakeville, Conn., le 1er novembre 1950.
    Conservation : collection privée ; photocopie au Fonds Simenon (Liège, Belgique).

    La photocopie de la dactylographie du manuscrit est intitulée L'auberge d'Ingrannes est suivi de la mention manuscrite ou Le temps d'Anaïs.


  • Publication d'une préoriginale
    En feuilleton dans le quotidien « Le Populaire de Paris », du 19 février au 4 avril 1951 (soit 39 livraisons), sous le titre L'auberge d'Ingrannes.


  • Edition originale
    Achevé d'imprimer : mars 1951.
    Paris, Presses de la Cité ; 18,5 x 12 cm, 221 pages ; couverture blanche papier fort, jaquette illustrée.
    Pas de grands papiers, ni de tirage numéroté.


      Le temps d'Anaïs, 1951.
    Edition originale.


  • Réédition(s) en français
    Liste non exhaustive

    Couverture de J. Jacquelin :

      Le temps d'Anaïs, (1960).
    Réédition (coll. P. Mercier).


      Le temps d'Anaïs, 1967.
    Réédition (Presses de la Cité).


      Le temps d'Anaïs, 1976.
    Réédition (Presses de la Cité).


      Le temps d'Anaïs, 1987.
    Réédition (Presses de la Cité).


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome 28.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 5.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 5.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : Die Zeit mit Anaïs.


      Die Zeit mit Anaïs, 1987.
    Edition allemande (Diogenes).


    En anglais :
    [ ? ] : The Girl in His Past (première édition américaine).
    [ ? ] : The Girl in His Past (première édition anglaise).


      The Girl in His Past, 1952.
    Edition américaine (Prentice Hall).


      The Girl in His Past, 1952.
    Edition américaine
    (The New American Library of World
    Litterature).


       


      The Girl in His Past, 1976.
    Edition anglaise (Hamish Hamilton).


    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Adaptation(s) pour la télévision
    Liste non exhaustive

    Le temps d'Anaïs, téléfilm français de Jacques Ertaud.
    Adaptation et dialogues : Jacques Ertaud et Didier Cohen.
    Avec : Roger Sourza, Juliet Berto, Jean-Marie Rivière, Dominique Paturel, Stephan Meldegg, Julie Philippe, Jean Franval…
    Première diffusion : ORTF (TF1, France), le 18 février 1987 ; L'heure Simenon [01].

    Le temps d'Anaïs inaugure la célèbre série télévisée de Pierre Grimblat, L'heure Simenon, qui compte treize téléfilms.


  • Intrigue
    La nuit, il pleut. Au volant de sa voiture, Albert Bauche traverse la forêt d'Orléans (au sud-est de Paris ; Loiret, France) et tombe en panne. Pas même la possibilité d'allumer une cigarette car le briquet électrique s'est éteint en même temps que les phares.

    A pieds, dans l'obscurité, il s'en va sans savoir où. Alourdi par la boue et la pluie, gourd de froid, il marche et arrive dans un village. Sur la petite place sombre, une fenêtre et une porte vitrée vaguement éclairée. Epicerie et bistrot. Trempé et grelottant, il entre, accueilli par des regards hostiles. On le regarde comme un animal malfaisant. Bauche commande un alcool qui lui arrache la gorge et demande le téléphone :

    — Allô ! La gendarmerie ?
    — Brigadier Rochain à l'appareil.
    — Je m'excuse de vous déranger, brigadier. Je suis à…
    — Ingrannes ! lui souffle le patron. Dites chez Durieu. Il connaît.
    — A Ingrannes. Chez Durieu.
    — Qui est-ce qui parle ?
    — Justement, vous ne me connaissez pas. Je voudrais que vous veniez me chercher.
    — Chercher qui ? Je ne vous entends pas. Je ne comprends rien.
    — Me chercher moi, Albert Bauche. Je désire me constituer prisonnier. Tout à l'heure, à Paris, j'ai tué un homme. Je ne cherche pas à m'enfuir. Je n'en ai jamais eu l'idée. Au contraire.

    Jusqu'à ce que les gendarmes arrivent, Bauche reste debout. Terriblement las.

    Albert Bauche a vingt-sept ans. Il est marié à Fernande depuis quatre ans et est administrateur d'une société de cinéma dirigée par Serge Nicolas, l'homme qu'il a tué. Un crime qu'il tient pour fatal et nécessaire. Parce que sa femme était la maîtresse de son patron ? Parce qu'il se devait d'échapper au sentiment d'humiliation qui a toujours conditionné sa médiocrité ?

    A partir du jour où il a appris qu'il n'était que le prête-nom d'une société véreuse et qu'on le tenait pour un imbécile prétentieux, Bauche a su qu'il tuerait Nicolas. D'ailleurs, à ses yeux, celui-ci représente tout ce que lui-même ne sera jamais : un homme viril qui a réussi. Ce qui étonne, c'est l'acharnement avec lequel Bauche a tué. Il a d'abord tiré un coup de revolver, à bout portant. La balle a arraché le bas du visage de la victime, sans le tuer. Ne pouvant supporter le regard de Serge Nicolas, Bauche l'a frappé avec un tisonnier — vingt-deux coups — avant de terminer le travail avec une statuette en bronze, écrasée sur le crâne. Il ne s'agit pas d'une violence gratuite ou sadique, explique Bauche : simplement, il ne voulait pas que Nicolas souffre et ne pouvait pas supporter de voir ses yeux hagards.

    Avec les enquêteurs, Bauche n'établit aucun contact et ses déclarations se limitent à l'essentiel. En revanche, il se sent à l'aise avec le psychiatre, qui s'intéresse à l'évolution de ses pensées et insiste sur l'aspect sexuel du problème.

    Bauche est alors heureux de s'expliquer et de reconstituer son passé. Il raconte Anaïs, une fille de son village qui a profondément marqué sa sensibilité d'adolescent timide. Anaïs était une fille facile, qui se comportait comme un animal et se laissait trousser par tous les hommes sur la plage ou près du canal. Et quand il l'a prise à son tour, c'était comme pour se venger de quelque chose.

    Plus tard, Albert Bauche est venu à Paris pour trouver du travail. C'est le souvenir d'Anaïs qui lui fait rechercher la compagnie de Fernande, une nymphomane qu'il finit par épouser. Il l'aime et a conscience de lui être indispensable, car il est son confident et son soutien. En revanche, l'existence que lui procure Serge Nicolas en l'engageant dans sa société ne lui plaît pas. Il ne supporte pas le mépris de cet être qu'il considère comme répugnant.

    Bauche n'a qu'une hâte, c'est de discuter avec son psychiatre. Et pour le voir plus souvent, il décide de se faire considérer comme fou... une thèse que défend son conseil, l'avocat Huart, un ancien ami de son père. A tort ou à raison, l'expertise psychiatrique va dans le sens souhaité par Bauche : il est donc interné et évite un douloureux procès devant les Assises.


• Apporter une information complémentaire
ou une correction : cliquer ici