Intrigue
Mme Maigret a onze tantes ! L'une d'elles, Emilie, est gravement malade
et sans personne pour la soigner. Aussi décide-t-elle de se
rendre à Quimper et de passer un temps auprès d'elle.
Il n'est pas prudent que Maigret accompagne sa femme en Bretagne,
en raison de sa bronchite de l'hiver qui n'est pas complètement
guérie nous sommes pourtant en mars et parce
qu'il risquerait fort de s'ennuyer. Il est donc préférable
qu'il aille se reposer à Cannes (Alpes-Maritimes, France).
Ainsi, depuis trois jours, Maigret prend du bon temps sur la Croisette,
où il a pris une chambre dans un palace, l'Excelsior. Il
y retrouve une vieille connaissance, M. Louis, qui est portier à
l'hôtel où loge Maigret. La plupart des gens se sentent
supérieurs à M. Louis parce qu'ils lui donnent un
pourboire. Or, c'est ignorer qu'il a été bachelier,
qu'il parle cinq langues et qu'il a été directeur
d'un établissement réputé à Deauville.
De cette expérience, M. Louis a conclu que le seul moyen
de gagner de l'argent dans l'hôtellerie est de remplir les
fonctions de portier. Maigret a fait sa connaissance alors qu'il
exerçait son métier dans un grand hôtel des
Champs-Elysées. Les deux hommes se sont appréciés
et rendus mutuellement des services.
Ce matin-là, M. Louis vient sonner à la porte d'un
Maigret encore somnolent. C'est qu'un jeune homme a été
retrouvé dans la baignoire de la chambre louée par
Ernst Owen, un riche Suédois d'un certain âge. M. Louis
pensait que cette histoire épouvantable intéresserait
Maigret, bien que celui-ci soit à la retraite.
Bien sûr, la police cannoise s'occupe déjà
de l'affaire, mais M. Louis pense qu'elle ne trouvera pas d'indices
révélateurs et que seul l'ex-commissaire serait capable
de déchiffrer cette énigme.
Il faut savoir que, dans un palace de la classe de l'Excelsior,
on n'exige pas les passeports des clients et chacun remplit sa fiche
comme il veut. Le consul de Suède, qui a déjà
été interrogé au sujet de l'identité
de la victime, prétend qu'il a bien existé un dénommé
Ernst Owen, mais que celui-ci est mort depuis dix ans. Alors
Alors, comme l'espérait M. Louis, Maigret mort à
l'hameçon et se laisse prendre au jeu. Si M. Owen n'existe
pas ce qui est le postulat de l'ancien commissaire
il convient de s'intéresser de près à son infirmière
personnelle, Germaine Devon, dont on est sans nouvelles.
Dans un premier temps, Maigret établit que la victime se
prénomme Jean (vingt-cinq ou vingt-six ans). Il s'agit d'un
ancien étudiant en chimie devenu morphinomane, qui n'avait
rien de suédois mais qui portait un déguisement destiné
à faire croire qu'il était le vieux M. Owen.
Jean et Germaine sont amants. Celle-ci lui procure ses doses de
drogue en exploitant ses talents de faussaire pour le compte d'un
escroc international, M. Saft, qui lui demande de falsifier des
chèques et d'imiter des signatures.
Il se trouve que Germaine est aussi la maîtresse de M. Saft
et que Jean ne supporte plus de la partager avec son rival. Raison
pour laquelle, il menace Germaine de dévoiler son trafic
à la police si elle ne quitte pas Saft. Comprenant que Jean
est prêt à exécuter ce projet, Germaine se débarrasse
de lui en l'empoisonnant, puis en le plongeant dans la baignoire
de sa chambre afin de faire croire à une noyade.
La police retrouve Germaine Devon et Maigret lui tend un piège
en lui faisant croire qu'il est en possession de la bouteille de
poison, que Germaine a bêtement oubliée sur le lieu
de son forfait.
Lors d'un entretien tumultueux, l'infirmière avoue, puis
tente d' "acheter" l'ex-commissaire en lui proposant une
forte somme d'argent. Bien entendu Maigret refuse et, à la
grande surprise de Germaine, ne procède pas à son
arrestation. Il n'en a d'ailleurs pas le pouvoir puisqu'il n'est
qu'un fonctionnaire à la retraite.
Ce qui ne signifie pas non plus qu'il la laisse filer : deux inspecteurs
de la police cannoise attendent Germaine à la sortie de l'hôtel
Excelsior. Durant les six mois que dure l'instruction, Germaine
Devon nie tout, y compris l'évidence. A plusieurs reprises,
Maigret est appelé comme témoin. Il doit aussi comparaître
aux Assises, où l'infirmière persiste à clamer
son innocence.