Le cycle officiel |
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Carton
d'invitation au Bal anthropométrique
de 1931.
In Tout Simenon, catalogue 2003 de la
Librairie La Sirène.
Photo Michel Leroy / RTBF.
In « W+B », n° 80 d'octobre
2002. |
1.
Les romans et les recueils de romans |
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Les 75 romans :
Les 2 recueils de romans :
2.
Les nouvelles et les recueils de nouvelles |
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Les 28 nouvelles :
Les 4 recueils de nouvelles :
Les compilations hors
cycle officiel :
Trois nouvelles (L'improbable
Monsieur Owen, Ceux
du Grand Café et de Menaces
de mort) n'ont pas été
recueillies dans les volumes mentionnés ci-dessus.
On peut également effectuer les deux recherches
suivantes :
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Simenon
par P.
Sur une carte postale, émise à
Chenove (Côte-d'Or, France), le 23 mars
1989. |
La
« période Fayard » (1931
- 1934) |
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Elle compte 31 titres, toutes uvres confondues
: 19 « Maigret », 9 romans et 3 recueils
de nouvelles.
Depuis son entrée à la « Gazette
de Liège », le 6 janvier 1919, Simenon
a commis quelque 2'300 articles divers (dont près
de 800 billets d'humeur sous le titre générique
Hors du poulailler), 1'500 contes et nouvelles
publiés dans la presse périodique
et quelque 200 romans populaires signés sous
pas moins de vingt-sept pseudonymes.
Avec les enquêtes du commissaire Maigret,
Simenon se propose d'atteindre un objectif plus
ambitieux : abandonner le roman populaire pour le
roman semi-littéraire. C'est ainsi
qu'il qualifie le roman policier, qui obéit
encore à des conventions, bien qu'elles soient
moins contraignantes et moins archaïques que
celles du roman populaire. Simenon envisage le genre
policier comme un tremplin qui lui permettra de
faire ses armes et le mènera au roman littéraire,
dans lequel il disposera d'une totale liberté
d'inspiration et d'écriture.
C'est chez l'éditeur parisien Fayard que
Simenon publie ses premiers romans sous patronyme
et lanceles enquêtes du commissaire Maigret.
Un des attraits de la série tient à
ses couvertures illustrées sur les deux plats
et le dos par la reproduction d'une photographie
en noir et blanc. Ce procédé
inspiré à Simenon par son amitié
et ses relations avec de nombreux photographes
est une nouveauté considérable pour
l'époque. Une innovation d'ailleurs immédiatement
copiée par toutes les collections rivales,
« Le Masque » excepté.
La série des couvertures photographiques
est inaugurée le 20 février 1931 par
la publication des deux premiers « Maigret
», Monsieur
Galet, décédé et
Le
pendu de Saint-Pholien, à l'occasion
du fameux Bal anthropométrique de
la Boule Blanche, auquel le trépidant
Georges Simenon convie le Tout-Paris. Cet événement
parisien est le plus médiatisé de
l'après-guerre. Au point qu'on a presque
oublié ce qu'il est censé célébrer.
Odette Pannetier le rappelle dans son article de
« Candide », intitulé : Une
nuit bien parisienne. M. Gallet, décédé,
reçoit
: « Il y avait longtemps
qu'on ne s'était pas autant amusé
à Paris. Et le plus curieux est que les deux
livres de Simenon, habilement mystérieux
et singulièrement prenants se fussent
très bien passés de cette publicité
! »
C'est tout juste si les auteurs des comptes rendus
extasiés se souviennent que l'événement
qu'ils ont arrosé a pour but de promouvoir
les deux premiers volumes d'une série d'aventures
policières dues à un auteur dont personne,
absolument personne, ne connaissait jusque-là
le nom bien qu'il ait déjà
à son actif quelque deux-cents romans et
plus d'un millier de contes. Combien de joyeux fêtards
ont-ils réalisés qu'ils assistaient
à ce que l'on considère aujourd'hui
comme le baptême de l'un des plus célèbres
enquêteurs du monde ?
La série est ensuite publiée à
raison d'un ouvrage par mois et s'achève
en octobre 1932 après 22 titres, dont 17
« Maigret » et 2 romans (Le
Relais d'Alsace et Le
passager du Polarlys). Les trois
derniers volumes (Les
13 coupables, Les
13 énigmes et Les
13 mystères) sont des recueils
de nouvelles parues en 1929 et 1930 dans «
Détective », l'hebdomadaire des frères
Kessel.
Le prix des ouvrages édités par Fayard
est de 6 Fr. et les lettres blanches du titre sont
garnies d'un filet sinusoïdal. Celui-ci ne
figure plus dans les réimpressions. En principe
! Car ce n'est pas le cas, par exemple, du tirage
d'août 1932 d'Un
crime en Hollande. En revanche, les
couvertures des réimpressions se signalent
par leur aspect presque terne, dès lors que
Fayard renonce à les vernir. Ce procédé
revenait cher et n'était pas vraiment maîtrisé
; le papier verni ayant tendance à casser.
Les réimpressions ayant parfois suivi le
premier tirage de quelques mois à peine,
il est difficile de savoir si l'on a affaire à
une vraie réimpression ou comme
cela a été le cas plus tard à
une utilisation des stocks importants de l'édition
originale. Cette incertitude tombe en 1936 lorsque
Fayard lance une nouvelle série à
partir des exemplaires qu'il lui reste en stock.
Ceux-ci sont vendus 3,50 Fr. et revêtus d'une
couverture jaune, illustrée d'un dessin et
d'un cartouche où figure le commissaire Maigret
(portrait photographique de l'acteur Harry Baur,
interprète du policier dans le film de Julien
Duvivier La
tête d'un homme).
Dans cette entreprise, Fayard n'a pas toujours
pris la peine de modifier les achevés d'imprimer
des exemplaires réédités. C'est
ainsi qu'il existe :
- Des exemplaires de Monsieur
Galet, décédé
avec le portrait de l'acteur Harry Baur en couverture
et un achevé d'imprimer de février
1931 (le même que celui de l'édition
originale) et d'autres avec un achevé d'imprimer
du 27 août 1936.
- Des exemplaires du Charretier
de La Providence et
d'Au
Rendez-vous des Terre-Neuvas, avec
le portrait de l'acteur Harry Baur en couverture,
qui sont datés de 1933 (respectivement
juillet et octobre), alors que la série
a été mise sur le marché
en 1936.
Il n'était pas d'usage, à l'époque,
de prévoir un tirage de tête sur grand
papier pour les romans policiers. Pris de remords,
Fayard finit néanmoins par procéder,
à la faveur d'une réimpression, à
un tirage de 50 exemplaires sur vélin pur
fil Lafuma. Aussi, les exemplaires sur grand papier
des 16 premiers titres publiés par Fayard
(15 enquêtes du commissaire Maigret et Le
Relais d'Alsace) ne font-ils pas partie
des éditions originales de ces romans. En
effet, les achevés d'imprimer de ces exemplaires
sont tous postérieurs à ceux des éditions
originales. Ce n'est qu'à partir du «
Maigret » Le
port des brumes (publié en mai
1932) que l'éditeur Fayard a fait tirer des
exemplaires sur grand papier des éditions
originales.
Ne font pas non plus partie des éditions
originales les exemplaires publiés par les
Editions CIR Bruxelles (Collection Arthème
Fayard, Paris). En effet, ils ne comportent pas
d'achevés d'imprimer, mais seulement le copyright
de l'année de l'édition originale.
La diffusion de cette collection était réservée
à la Belgique.
L'abandon des couvertures photographiques
est suivi d'une interruption de cinq mois (d'octobre
1932 à mars 1933), au terme de laquelle Fayard
publie encore 9 ouvrages (2 « Maigret »
et 7 romans) dont la présentation est très
différente. Ceux-ci portent une jaquette
illustrée par Bécan.
La « période
Gallimard » (1934 - 1947) |
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Elle compte 55 titres, toutes uvres confondues
: 6 « Maigret », 44 romans, 4 recueils
de nouvelles, 1 récit de voyage (La
mauvaise étoile, avril 1938).
Simenon a rejoint Gallimard le 18 octobre 1933,
avec le noir désir d'abandonner son policier
fétiche en l'envoyant à la retraite
dans sa maison de Meung-sur-Loire (une enquête
intitulée simplement et symboliquement
Maigret,
publiée chez Fayard en 1934), et l'ambition
de passer à la rédaction de romans
plus littéraires.
C'est pour cela que, durant cette période,
le nombre de « Maigret » se réduit
à la portion congrue. Chez Gallimard, la
sobriété domine. Les « Maigret
» et les recueils de nouvelles policières
ne sont pas publiés sous couverture blanche,
comme les vrais romans, mais sous couverture
rouge illustrée avec titre en jaune.
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Dessin
non signé pour la couverture de :
Kommissar Maigret und die Frauen
(Berlin, Verlag Volk und Welt, 1987. |
La «période
Presses de la Cité » (1945 - 1981) |
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Elle compte 141 titres, toutes uvres confondues
: 50 « Maigret », 60 romans dits de
la destinée, 4 recueils de nouvelles
(dont 3 « Maigret »), 4 récits
à caractère autobiographique, 21 Dictées,
1 essai (Le
roman de l'homme) et 1 reportage (La
femme en France).
En 1944, alors qu'il est établi en Vendée,
Simenon est contacté par Sven Nielsen, le
jeune propriétaire des Messageries du Livre,
qu'il ne connaît pas et qui lui demande de
préfacer le texte d'un écrivain norvégien.
Et le plus simplement du monde, comme il le raconte
lui-même dans ses Mémoires
intimes, Simenon - qui ne lit jamais
de romans et écrit si rarement des préfaces
- met son prestige, sa caution, au service d'un
romancier inconnu et édité par un
débutant.
Mais rien ne laisse prévoir - quand Simenon
accorde au roman d'Arthur Omre, Traqué,
la plus longue et la plus enthousiaste des huit
préfaces qu'il ait écrites en cinquante
ans - que l'auteur ira encore bien plus loin. En
proposant à Nielsen un livre qui l'aidera
à lancer sa maison d'édition et en
lui offrant de devenir son éditeur exclusif
pour les romans publiés en français.
Traqué porte le n° 4 sur le registre
des travaux de l'éditeur. L'achevé
d'imprimer de l'ouvrage révèle qu'il
a satisfait au dépôt légal durant
le 1er trimestre 1945. C'est dans le courant de
cette même année que Simenon, une fois
libéré de ses contrats avec Gallimard,
entre aux Presses de la Cité, une modeste
entreprise appelée à devenir le numéro
deux de l'édition en France. En effet, au
fil des années, Nielsen a ajouté à
la société mère plus de dix
maisons d'édition, lui qui avait débuté
au bas de l'échelle comme commis-emballeur
Le premier « Maigret » destiné
aux Presses de la Cité paraît en juillet
1947 : il est composé d'une nouvelle La
pipe de Maigret et d'un court roman
Maigret
se fâche, qui seront donc publiés
ensemble.
Par sa continuité et son étendue,
l'uvre de Simenon permet de mesurer à
elle seule les variations esthétiques des
maquettes et conceptions graphiques. Les Presses
de la Cité en offre un panorama sur trente-six
ans :
- L'éditeur part du principe que les «
Maigret » s'adressent à un public
plus populaire, donc moins fortuné, que
les amateurs de vrais romans. Aussi, au
contraire de ceux-ci, ne bénéficient-ils
pas d'une édition cartonnée, mais
d'une couverture en carton mince, imprimée
et sans motif décoratif. Par contre les
jaquettes - ornées entièrement de
gouaches naïves et superbes - sont plus attractives
que pour les romans non policiers. Pour les «
Maigret » comme pour les non Maigret,
le revers supérieur de la jaquette comprend
une courte présentation signée Doringe,
tandis que le revers inférieur porte la
liste des derniers titres parus. L'édition
originale ne comprend pas de grands papiers ni
de tirage numéroté. Des tirages
de luxe numérotés sont tirés
postérieurement à l'édition
originale. Leur format et leur présentation
sont semblables aux parutions qui, dès
1950, cèdent à la vogue des couvertures
photographiques et laquées : un fond généralement
noir, « Maigret » écrit en
trois couleurs et portrait de l'auteur en médaillon
dans le coin supérieur gauche de la couverture.
- A partir de Maigret
et les petits cochons sans queue (août
1950) les nouvelles parutions et les réimpressions
des anciens titres voient leur dimensions in-8°
réduite au format de poche. Jacquette illustrée
et couverture imprimée sont remplacées
par une couverture laquée à fond
noir (sauf pour Un
échec de Maigret et Maigret
s'amuse, où le fond est blanc)
: sur celui-ci se détachent quelques éléments
photographiques. « Maigret » est écrit
en trois couleurs et le portrait de l'auteur figure
en médaillon dans le coin supérieur
gauche de la couverture. L'édition originale
ne comprend pas de grands papiers ni de tirage
numéroté. Des tirages de luxe
numérotés sont tirés postérieurement
à l'édition originale. Bien que
d'un format légèrement plus petit
(un centimètre de moins dans le sens de
la hauteur), leur présentation est identique
à l'édition originale.
- Bien que du même format que les exemplaires
à la pipe et aux ronds de fumée,
Le
voleur de Maigret (paru en avril 1967)
adopte une nouvelle illustration de couverture
: un portrait du commissaire de profil en haut
de couverture, un dessin au crayon en bas de celle-ci,
et le titre au milieu. Les deux parties illustrées
sont vert olive (haut) et jaune (bas).
- A partir de Maigret
voyage (décembre 1957), la
présentation des « Maigret »
se simplifie considérablement. Le format
est inchangé (in-12°), mais l'illustration
de la couverture est remplacée par un fond
de couleur uniforme (violine, ocre ou jaune paille
selon les volumes). Seule concession graphique,
le deuxième plat comporte un profil stylisé
de l'auteur en ombre chinoise, avec chapeau et
pipe. Du fourneau de celle-ci, prolongée
sur le premier plat, s'échappent des ronds
de fumée contenant le nom de l'auteur et
le titre. L'édition originale est numérotée
et tirée sur un papier de qualité
supérieure. Tirage de luxe et tirage
ordinaire porteront désormais le même
achevé d'imprimer.
- A partir de Maigret
à Vichy (janvier 1968), la
série adopte une nouvelle présentation
: cartonnage bleu marine, format in-8°, jaquette.
Celle-ci est ornée d'une vignette (composition
originale ou photographique). L'édition
originale est numérotée, tirée
sur un papier de qualité supérieure
et présentée en feuilles sous double
emboîtage bleu.
- D'autres informations d'ordre bibliophiliques
concernant la même période sont données
dans les commentaires concernant l'oeuvre romanesque
hors Maigret : Les
uvres publiées sous son patronyme.
En juillet 1972 paraît le dernier «
Maigret » réservé aux Presses
de la Cité, Maigret
et M. Charles. Simenon ne le sait pas
encore, mais il s'agit aussi du dernier ouvrage
de fiction qu'il publiera de son vivant.
Les « Maigret » et les non Maigret
représentent 114 volumes de fiction publiés
par les Presses de la Cité en vingt-six ans
: 53 enquêtes du célèbre commissaire
(50 romans et 3 recueils de nouvelles), 60 romans
dits de la destinée et 1 recueil de
nouvelles. Soit une part presque égale de
romans policiers et de romans littéraires.
Ce qui démontre bien l'attachement de l'auteur
à son personnage fétiche.
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Bruno
Crémer (Maigret) dans l'épisode télévisé
Maigret et la croqueuse
de diamants.
Photo Michel Leroy / RTBF.
In « W+B », n° 80 d'octobre
2002. |