Les larmes de bougie
Nouvelle

Les nouvelles enquêtes du commissaire Maigret
[1936] ; [06]

 

  • Rédaction
    Boulevard Richard-Wallace 7, Neuilly-sur-Seine (France), en octobre 1936,


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Dans le quotidien « Paris-Soir-Dimanche », n° 48 du 22 novembre 1936.
    Série « Les nouvelles enquêtes du commissaire Maigret ».


  • Edition originale
    In Les nouvelles enquêtes de Maigret (Paris, Gallimard, NRF., 1944).


  • Réédition(s) en français
    Liste non exhaustive

    En revue :

    Dans le mensuel « Mystère-Magazine », n° [ ? ] d'octobre 1959. Cette réédition est simultanée à celle imagée ci-dessous :


     

    Les larmes de bougie, 1959.
    « Ellery Queen Mystère Magazine »,
    n° 141 de [ ? ] 1959.



  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome IX.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 24.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 24.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : Die Waschstropfen.

    En anglais :
    1956 : Journey into Time (première édition américaine).
    1956 : Journey into Time (première édition anglaise).
    On trouve aussi : Journey Backward into Time et Death of a Woodlander.

    En italien :
    1962 : Le lacrima di cera.


  • Remarque(s)
    Les larmes de bougie est un récit complet. Cette nouvelle n'intervient donc pas dans le concours hebdomadaire de « Paris-Soir-Dimanche », lancé le 25 octobre 1936 avec L'affaire du boulevard Beaumarchais.


  • Intrigue
    En automne, dans un hameau perdu au cœur de la forêt d'Orléans (Loiret, France) où l'on s'éclaire encore à la bougie bien qu'on ne soit qu'à une centaine de kilomètres de Paris, les sœurs Potru, Amélie (soixante-cinq ans) et Marguerite (soixante-deux ans) ont été sauvagement agressées. Elles habitent seules la maison que leurs parents leur ont laissée et où elles ont toujours vécu, passent pour avoir des économies (ne sont-elles pas d'ailleurs propriétaires de trois autres maisons dans le village ?) et ont une solide réputation d'avarice.

    On a retrouvé Marguerite morte, la poitrine transpercée de trois coups de couteau, la joue droite déchirée, un œil à moitié crevé et, non loin d'Amélie, hébétée, baignant dans son sang. Son corps, sur le côté droit principalement, porte onze blessures. Aucune n'est grave, mais elle a perdu beaucoup de sang. C'est elle qui a donné l'alarme. Une commode a été fouillée et le vol semble être le mobile du crime.

    L'enquête menée sur place conduit la police à soupçonner Marcel Potru (trente-neuf ans), le fils naturel de la victime, une sorte de brute adonnée à l'alcool, et un charretier yougoslave nommé Yarko. Le soir du drame, Marcel a mangé avec sa mère et sa tante ; dans la maison, il a laissé de nombreuses empreintes. Le Parquet d'Orléans a ordonné son arrestation. C'est un être taré qui travaille comme bûcheron et habite une ferme en ruine près de l'étang du Loup-Pendu. Il passe des semaines hors de chez lui, sans donner signe de vie à sa femme et à cinq enfants qu'il nourrit surtout de coups.

    Cinq jours après son agression, Amélie n'a toujours pas prononcé un mot. Elle est soignée chez elle et veillée par sa voisine, Marie Lacore (un peu plus de trente ans), la femme du forgeron. Malgré son immobilité et ses pansements, elle observe tout ce qui se passe autour d'elle, mais ne pipe pas mot.

    Tout le dossier a été transmis au commissaire Maigret : le plan détaillé des lieux, les photographies et les procès-verbaux des interrogatoire. Il a fait le voyage en train jusqu'à Vitry-aux-Loges, puis on l'a mené en camionnette chez les sœurs Potru.

    Après être allé voir Marcel dans sa cellule, le commissaire tenait à sentir l'atmosphère dans laquelle le drame s'était passé. Il ne croit ni en la culpabilité de Marcel, ni en celle du Yougoslave, malgré les nombreux indices qui les accusent. Maigret s'intéresse à la maison des sœurs Potru, à la configuration des pièces et à la mise en scène du meurtre.

    Dans un réduit à peine éclairé par une lucarne, sur des tonneaux, on a retrouvé des larmes de bougies que l'Identité judiciaire a désignées comme provenant de la bougie de la pièce principale. Les enquêteurs ont conclu qu'elles avaient été laissées par Marcel alors qu'il était allé se servir à boire.

    Maigret fait scier les deux tonneaux vides et y trouve toutes les économies des sœurs Potru. Les murs de leur maison ne respirent pas seulement l'avarice, mais aussi la haine. Une haine rancie au cours de longues années de tête-à-tête, d'existence commune, de nuits passées dans un même lit et d'intérêts similaires. Une haine attisée par les mille incidents de la vie quotidienne.

    Marguerite avait eu un enfant ; elle avait connu l'amour tandis que sa sœur aînée n'avait même pas eu cette joie. Pendant quinze ou vingt ans, Marcel vit entre ces deux femmes avant d'être livré à lui même. Amélie en a peur ; elle en veut à Marguerite de lui laisser toucher leur argent et leurs titres.

    — Un jour, il viendra nous assassiner…

    Maigret n'est pas certain que cette phrase ait réellement été prononcée par Amélie, mais il en jurerait ! A force de haine, l'aînée a tué la cadette, caché l'argent pour faire croire à un vol et accuser Marcel. Puis, la main entourée d'un chiffon, elle s'est mutilée maladroitement et a brûlé le couteau dans la cheminée.

    Devant le tonneau scié, Amélie Potru ne desserre pas les lèvres. Marie Lacore l'a fait s'asseoir sur le lit. On entend les ressorts grincer. Maigret demande qu'on aille chercher le maire. Il servira de témoin.

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