Le chien jaune
Nouvelle

Les enquêtes de l'inspecteur G.7 ; [07]

  • Rédaction
    Place des Vosges 21, Paris (France), durant l'hiver 1928-1929.
    Selon les archives secrétariales de Simenon : Stavoren (Pays-Bas), durant l'hiver 1930-1931.
    Selon le livre de comptes de Simenon : Stavoren (Pays-Bas), durant l'hiver 1929-1930.


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Dans l'hebdomadaire « Détective », n° 52 (énigme) et 54 (dénouement) des 24 octobre et 7 novembre 1929 (soit 2 livraisons), sous le pseudonyme de Georges Sim.


     



    Le chien jaune, 1929.
    Publication en préoriginale.



  • Edition originale
    In Les 13 énigmes (Paris, A. Fayard, 1932).
    L'ouvrage est publié sous le patronyme de l'auteur.


  • Réédition(s) en français

    [En préparation].


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome VI.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 18.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 18.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Remarque(s)
    Le chien jaune est le septième volet d'une série de treize nouvelles qui font l'objet d'un concours hebdomadaire, primé en espèces. Chaque nouvelle s'étend sur deux numéros : dans le premier sont posés tous les éléments de l'énigme ; dans le second, en quelques lignes, est donné son dénouement.


  • Intrigue
    Une sale affaire ! Il vaut mieux avoir affaire aux plus rusés malfaiteurs qu'aux paysans les plus naïfs, et les crimes de village sont ceux sur lesquels on a davantage le risque de se casser les dents.

    Novembre. Il souffle un violent vent d'ouest. Sept kilomètres à pieds pour atteindre ce village en heim des environs de Mulhouse (Haut-Rhin, France), qui ne possède pas de gare. De l'eau et de la boue partout. Un village de six cents habitants, dont les deux tiers ne parlent que le patois. Une défiance épaisse, insondable, incompréhensible et décourageante. Des haines et des jalousies à vous dégoûter à jamais de l'humanité, et en tout cas de la campagne !

    Des les premiers interrogatoires — de réticences, en accusations détournées et en rétracattions — l'inspecteur G.7 entend cette phrase qui finira par lui faire tinter les oreilles :

    — D'abord, on a entendu hurler le chien jaune !

    Le chien jaune… Celui qu'on a entendu à chaque méfait. Le dernier date de sept jours : un fermier et sa femme ont été trouvés assassinés à coups de barre de fer dans leur chambre. Le vol est le mobile du crime. Un mois auparavant, un crime en tous points analogue sur la personne d'une vieille femme vivant seule. Trois semaines avant, trois victimes, dont une adolescente de treize ans, violée de surcroît. Deux mois plus tôt encore, Libert, le maréchal-ferrant est réveillé par des bruits insolites et agressé. Mais l'homme est solide et met le voleur en fuite.

    A chaque fois, il est question d'un grand chien jaune aux poils hérissés, à la voix rauque, aux yeux phosphorescents, qui accompagne le visiteur nocturne comme une ombre. Six morts en quelques semaines. Et pas une trace ! Pas un indice !

    Les soupçons se portent sur Perterman, un bûcheron dont l'activité principale est le braconnage. Il possède un grand berger d'Alsace roux, aux lippes pendantes et rougeâtres. L'homme vit en plein bois avec sa femme et dizaine d'enfants pour le moins, dans un désordre et une saleté dont on se ferait difficilement idée. En réalité, il a deux femmes : la mère des enfants et l'aînée des jeunes filles, qui n'est pas sa fille mais une concubine acceptée par l'épouse légitime.

    G.7 ne trouve rien chez Perterman, si ce n'est de la vermine, des collets et un fusil démontable. La population est aux aguets et les maisons hermétiquement closes. On parle bas et on marche à pas feutrés, la tête en avant, dans l'attente d'un nouveau crime.

    Bien que faisant mine d'être sur aucune piste, G.7 se présente un matin à la forge de Libert et lui annonce avoir mis la main sur le chien jaune. Il lui demande de venir voir l'animal avec lui. Les deux hommes arrivent à la mairie et un gendarme leur ouvre la porte. Le maréchal-ferrant entre en premier :

    — Le chien est ici ?

    Il fait trois pas et se rend compte qu'il n'y a aucun animal dans le bâtiment. En un instant, il se précipite sur G.7 de toute sa masse puissante. L'inspecteur, qui n'a pas lâché la poignée de la porte, la referme juste à temps. Libert ébranle en vain l'huis en hurlant des paroles rageuses.

    C'est lui qui a créé de toutes pièces le chien jaune et celui-ci s'est mit à vivre dans l'imagination populaire mieux que s'il avait vécu réellement. Ainsi, chacun l'a entendu ! Chacun l'a vu ! C'est tellement humain ! Le poil hérissé ! Le regard fulgurant ! Il aura suffit, pour cela, à Libert — lors de son premier crime — d'imiter un aboiement et toute le monde a parlé du chien jaune…

    Le lendemain matin, alors que G.7 s'apprête à retourner sur Paris, on apprend que Libert s'est acharné toute la nuit sur la porte de sa cellule et qu'il a fini par se fracasser le crâne sur celle-ci.


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