Le comique du Saint-Antoine
Nouvelle

  • Rédaction
    Nieul-sur-Mer (Charente-Maritime, France), en 1939.


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Dans l'hebdomadaire « Gringoire », n° 584 du 18 janvier 1940 ; p. 6.







    Le comique du Saint-Antoine, 1940.
    Publication en préoriginale.



  • Edition originale
    In La rue aux trois poussins (Paris, Presses de la Cité, 1963).


  • Réédition(s) en français

    [En préparation].


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Œuvres complètes (Lausanne, Editions Rencontre, 1967-1973) - tome 26.
    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 12.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 12.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    [ ? ] : [ ? ] (première édition américaine).
    [ ? ] : [ ? ] (première édition anglaise).

    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Intrigue
    Après sept mois de Terre-Neuve, le Saint-Antoine arrive en vue du port de Fécamp (Seine-Maritime, France) sur le coup de huit heures du matin. Petit-Louis se décrasse, indifférent au roulis. Il se lave aussi minutieusement que sa mère le faisait, le samedi, dans la cuisine quand il était petit. Il a laissé tremper ses pieds pendant un quart d'heure dans une bassine d'eau chaude et mousseuse. Il s'est rasé devant un bout de miroir, non sans se couper sous la pomme d'Adam, qu'il a pointue et saillante. A présent, il est propre et sent le savon à l'eau de Cologne. Un chandail neuf, sa vareuse à deux rangs de boutons : le voilà prêt à débarquer.

    Petit-Louis a tout calculé : à huit heures, il est à terre ; à neuf heures moins dix, il prend le train pour la Bréauté où il attrape la correspondance, et le soir, en changeant encore deux fois, il est à Concarneau. Dans quatre jours, il épouse sa promise, Marguerite, dont le père a une maison à lui et un bon sloop.

    Le vent mollit-il ? L'homme de barre calcula-t-il mal ses bords ? Toujours est-il que le Saint-Antoine rata la marée et dû attendre la suivante… Il ne fut à quai que le soir. Jusque-là, Petit-Louis resta digne. Pour la première fois de sa vie. C'était drôle, car il n'était pas fait pour la dignité avec son petit corps maigre et pourtant râblé, son long cou, sa tête étroite aux traits irréguliers.

    Une fois à terre, Petit-Louis passe chez Léon, le bistrotier qui lui rachètera le baril de langues et de joues auquel tout pêcheur de morues a droit. Pour ne pas être tenté, il lui confie aussi son portefeuille et refuse les verres que des amis lui proposent de boire avec eux. Petit-Louis commande à manger : un bistek et de la tête de veau. Et chez Léon, la fête commence. On mange, on boit. Petit-Louis invite un télégraphiste, M. Jacques, à partager son repas. Puis des marins anglais arrivent. Un dénommé Gradut leur fait des tours de cartes. Petit-Louis s'en mêle. Il saisit un jeu de trente-deux cartes et, entre le pouce et l'index de chaque main, le déchire. Puis il recommence, avec un jeu de cinquante-deux cartes. Les Anglais paient des tournées. Calvados et whisky. Petit-Louis fait d'autres tours qui ébahissent l'assemblée : il plie une pièce de bronze de deux sous, fait le ventriloque. On l'acclame ; il paie des tournées générales.

    Avec M. Jacques, Petit-Louis passe chez Jeanne, le bistrot d'à côté, plutôt mal fréquenté. Puis au 36, où il a des copines... Il dépense sa paie, c'est-à-dire les économies en vue de son mariage. Une fois de plus, il est retombé dans ses vieilles et mauvaises habitudes : ses noces sont à l'eau.

    Alors il lui vient une idée : pourquoi son compagnon de rencontre ne prendrait-il pas sa place ? Cette pauvre Marguerite n'aurait ainsi pas préparé sa robe ni commandé le dîner pour rien !

    Marguerite, qui se doutait bien que Petit-Louis lui jouerait un tour, se présente à Fécamp. Mais trop tard. Elle ne pleure pas ; elle n'est pas gaie non plus. Voilà maintenant trois ans que ça dure… A chaque fois que Petit-Louis descend à terre, la comédie recommence…

    Il faudra un petit coup de pouce de Léon, le bistrotier, pour forcer le destin et la timidité du télégraphiste. Et ainsi sera fait : le sérieux M. Jacques épousera la pauvre Marguerite.




• Apporter une information complémentaire
ou une correction : cliquer ici