Intrigue
Dans un petit village du Nivernais (France), Edgar Martineau fait
l'acquisition d'une maison de maître, que les gens du pays
appellent le château. Celui-ci deux ailes dont les
murs et le toit ne sont plus rigoureusement d'équerre, et
une tourelle a belle allure et trône dans un parc de
toute beauté.
Ce château, Martineau l'a acheté à une vieille
rentière, Mme Dupuis-Morel, veuve d'un officier de cavalerie,
qui avait poussé des hauts cris en trouvant, un matin, les
plus lourd de ses bahuts au beau milieu de la pièce dont
il occupait la veille un angle.
Mme Dupuis-Morel ne détestait pas faire tourner les tables
et on se moqua d'elle. Il n'empêche ! Sitôt remis dans
son coin, le bahut meuble immense et d'un poids considérable
pris l'habitude de changer de place, tant et si bien qu'il
fallut convenir qu'il y avait là quelque chose d'anormal.
Les faits demeurèrent inexpliqués et eurent bientôt
raison de la résistance nerveuse de la veuve Dupuis-Morel,
qui décida de vendre son bien. Le seul acquéreur qui
se présenta à elle fut Martineau, qui était
le seul du village à se moquer des racontars et acheta le
domaine pour un prix dérisoire : à peine la moitié
de sa valeur. Dès qu'il eut pris possession des lieux, le
nouveau propriétaire annonça, à qui voulait
l'entendre, que l'esprit déménageur ne risquerait
plus à opérer tant qu'il vivrait au château.
Pourtant, dans les jours qui suivirent, Martineau changea d'attitude
et se montra inquiet. Dans le village, il se dit rapidement que
le bahut déménageait toujours et que la maison hantée
serait bientôt remise en vente
Martineau plie mais, avant de rompre, il demande à G.7 de
se prononcer sur les événements. Ce que l'inspecteur
accepte et, pour ce faire, passe une nuit dans la pièce même
où se trouve le bahut. Dans cette veillée particulière,
il est accompagné par son ami et fidèle narrateur
de ses enquêtes (voir la nouvelle intitulée
G.7).
Les deux hommes passent la nuit dans des fauteuils, une bouteille
de
blanc fumé et des sandwiches au jambon à
portée de main. Ils ne parlent pas et évitent de fumer,
pour ne pas effrayer le
fantôme. A l'aube, le bahut
n'a pas bougé. G.7 propose à son compagnon de descendre
dans le jardin pour y griller une cigarette.
Au bout de cinq minutes, Martineau apparaît en robe de chambre
et les cheveux encore en désordre. Le buffet est au milieu
de la pièce ! Il a suffit que le policier et son acolyte
quittent la maison pour que l'esprit déménageur frappe
encore une fois. G.7 attire Martineau vers lui et saisit sa main.
Il renifle les doigts du propriétaire, qui blêmit.
De la cire, hein !
Rien de tel pour faire glisser le meuble au milieu de la pièce.
Sans compter que cela évite les rayures et que les traces
sur le plancher s'effacent d'un simple coup de chiffon. Martineau
avoue piteusement son manège. Après avoir acheté
le domaine, il a bien fallu qu'il continue à faire croire
à l'esprit déménageur pour qu'on ne l'accuse
pas d'avoir profiter de la détresse de Mme Dupuis-Morel.
Est-ce que vous croyez que j'irai en prison ?
On ne saura jamais si G.7 entendit ou non la question de Martineau.
Peu lui importent, à lui, les conséquences judiciaires.
Il n'est pas un justicier. On lui a demandé de résoudre
une énigme. Il l'a fait. Un point c'est tout.