Lettre à ma mère
Récit à caractère autobiographique

  • Enregistrement
    Lausanne (Vaud, Suisse), enregistrement achevé le 18 avril 1974.


  • Supports originaux
    Enregistrement sur cassettes.
    Dactylographie : volume avec reliure noire (96 feuillets), dédicace signée en tête, corrections manuscrites de l'auteur ; signature.
    Conservation : un exemplaire de la dactylographie avant correction par l'auteur au Fonds Simenon (Liège, Belgique).


  • Publication d'une préoriginale
    Aucune.


  • Edition originale
    Tirage de tête

    Achevé d'imprimer : 8 novembre 1974.
    Paris, Presses de la Cité ; 20,5 x 13,5 cm, 121 pages ; reliure d'édition en simili veau rouge, tête d'or.
    150 exemplaires sur vélin pur fil Lafuma, dont 50 exemplaires hors commerce numérotés H.C. 1 à H.C. 50 et 100 exemplaires destinés à la vente, numérotés de 1 à 100.

    Il existe des exemplaires marqués H.C. qui ne sont pas numérotés.


      Lettre à ma mère, 1974.
    Edition originale, tirage de tête.


    Tirage courant

    Achevé d'imprimer : 8 novembre 1974.
    Paris, Presses de la Cité ; 20,5 x 13,5 cm, 121 pages ; reliure d'édition ; jaquette illustrée en couleurs.


      Lettre à ma mère, 1974.
    Edition originale, tirage courant.


  • Réédition(s) en français

    [En préparation].


  • Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    In Tout Simenon (Paris, Presses de la Cité, 1988-1993) - tome 26.
    In Tout Simenon (Paris, Omnibus, 2002-2004) - tome 26.


  • Traduction(s)
    Liste non exhaustive

    En allemand :
    [ ? ] : [ ? ].

    En anglais :
    1974 : Letter to my Mother (première édition américaine).
    [ ? ] : Letter to my Mother (première édition anglaise).


      Letter to my Mother, 1974.
    Edition américaine
    (Harcourt Brace Jovanovich).


      Letter to my Mother, 1976.
    Edition anglaise (Hamish Hamilton).


    En italien :
    [ ? ] : [ ? ].


  • Sujet
    Lettre à ma mère est dicté en quelques jours, trois ans après le décès d'Henriette Brüll, la mère de Simenon.

    « L'auteur s'interroge sur le fond de ses relations équivoques, tendues et intenables par leur intensité, qui l'unissent à sa mère. Somme toute, ce sont ces relations, parfois dramatiques qui ont dominé l'enfance et l'adolescence de l'écrivain, et qui l'ont façonné. Ce sont elles qui l'ont incité, non seulement à rejeter le type de famille, de société, de civilisation ou de culture incarné par sa mère, mais elles l'ont aussi amené à partir, à fuir le toit maternel. »
    Mathieu Rutten.

    En 1970, Simenon est appelé au chevet de sa mère. Huit jours durant, il reste près d'elle, à l'Hôpital de Bavière (Liège, Belgique). Un face-à-face intense et étrange, dominé par la force de leurs regards et l'éloquence de leur mutisme, qui conduit ces deux êtres aux sources de leurs (fortes !) personnalités.

    « C'est à la fois la vie de ma mère et la mienne, avec tout ce qu'il y a eu entre nous d'incompréhension, d'affection aussi, parfois d'hostilité. »
    Georges Simenon.

    Lettre à ma mère est un ouvrage émouvant et d'une rare qualité. C'est un livre d'exception :

    « Comme un ultime sursaut de génie d'un retraité de la fiction romanesque. C'est un livre hors norme par sa puissance d'évocation. »
    Pierre Assouline.

    On y perçoit l'emprise irrémédiable du regard d'une mère. On est peut-être au cœur du mystère Simenon. Certains y ont vu la clé de sa personnalité et de son génie.

    C'est en tout cas un portrait loin de l'histoire littéraire…




    Simenon et sa mère.


  • Point de vue
    [Source : [ ? ], A la recherche d'un image perdue (in « Minute », n° 662 du 18 au 24 décembre 1974).]

    Celapeut sembler paradoxal mais c'est ainsi : ce sera après avoir officiellement cessé d'écrire que Georges Simenon nous aura donné son livre le plus beau et le plus émouvant. Certes, nous avons eu déjà l'occasion, ici, d'expliquer ce que signifiait en réalité ce cessé d'écrire, qui n'est pas à prendre, c'est le cas de la dire, au pied de la lettre. Il veut simplement dire que Simenon, maintenant septuagénaire, a décidé de renoncer au roman pour se consacrer dorénavant aux souvenirs et réflexions.

    Il veut dire aussi — en jouant quelques peu sur les mots qu'il a renoncé à user lui-même de ses fameux crayons jaunes d'antan pour se livrer directement à son magnétoscope, dont les bandes sont ensuite transcrites par une secrétaire. Mais avec quel soin doit-il revoir et corriger cette transcription si l'on en juge par la pureté et le fin de l'écriture dans cette Lettre à ma mère, qui est certainement son livre le plus sobre et en même temps le plus travaillé !

    La « mort d'une mère » est, certes, un sujet qui a toujours inspiré les écrivains, suscitant notamment, et pour se limiter à notre époque, l'un des plus beaux livres de Roger Peyrefitte et les pages les moins énervantes de Simone de Beauvoir. Ce moment tragique de la vie humaine est presque toujours, en effet, au-delaà de la douleur et du déchirement, celui des grandes interrogations — des interrogations suprêmes.

    Lorsqu'à soixante-dix ans, Georges Simenon est appelé d'urgence au chevet de sa mère qui, âgée de quatre-vingt-onze ans, s'éteint dans un hôpital belge, les questions se mettent à affluer en lui. Des questions dont la principale demeure celle-ci : a-t-il vraiment connu sa mère ? Est-il même capable de la connaître ?, maintenant, à l'heure de sa mort ?

    Et, avec les questions, montent les réminiscences. Pour répondre à la grande interrogation, l'histoire se reconstitue et se remet progressivement en place, à petits touches de plus en plus précises, admirables à la fois de dépouillement et de puissance d'évocation, mais, comme le souligne l'auteur lui-même, avec des blancs. Des blancs peut-être impossibles à combler entièrement.

    Cependant, tout au long de cette quête de 120 pages, un portrait se dessine, que l'on sent vrai à en hurler. Et avec ce portrait, autour de lui, tout un monde ressuscite : Liège au début du siècle, les vieilles rues, la pauvreté que l'on veut digne, la peur de la misère abjecte, des images, des odeurs et des sensations. Tout le merveilleux talent de Simenon pour évoquer lieux, hommes et climats à travers quelques mots est là, mais comme épuré, concentré, Concentré autour de la recherche avide d'un personnage : cette femme qui, allongée sur son lit d'hôpital, est déjà au-delà de la vie.

    Et l'histoire de ce fils de soixante-dix ans cherchant à comprendre enfin sa mère, et la lutte continuelle, âpre, parfois impitoyable que fut la vie de celle-ci empoigne dès la première phrase le lecteur pour ne plus le lâcher. Sans un excès, sans une boursouflure, sans un mot superflu, elle s'impose, et nous avons très vite le sentiment de la vivre presque au même titre, avec la même intensité que Simenon lui-même, ce faux calme qu'à toujours étreint la conscience de la complexité des êtres et de la vie.

    Jamais peut-être Simenon ne s'est autant livré que dans ce court récit. Mais jamais certainement, il ne l'a fait avec autant de pudeur profonde sous l'impitoyable et méticuleuse franchise qui, depuis Quand j'étais vieux, semble maintenant guider sa plume.


      Simenon, 1974.
    Dessin de Bayard, in « Minute », n° 662.




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