Sujet
[Source : Jean Vigneaux in « La plus difficile
enquête de Maigret », dans la série Les livres
et les hommes (« Pourquoi pas ? », n° 3'045 du
7 avril 1977).]
Sacré bonhomme ! Son côté
vieux sage m'exaspère
; sa saga me tape sur les nerfs ; ses pipes, ses interviews, son personnage
m'irrite. Et puis voilà qu'il écrit. Ou, plus exactement,
qu'il parle, puisque, désormais, il dicte tous ses livres.
Et toutes mes préventions tombent, toutes mes allergies disparaissent.
Autant Simenon peut être assommant lorsqu'il joue Simenon pour
la télévision, autant il est séduisant, émouvant,
humain pour tout dire, lorsqu'il
se reconstitue à l'aide
des mots. Pourtant, c'est toujours la même chose qu'il exprime
: révoltes, désenchantements, convictions (parfois un
peu simplistes), c'est Simenon en quête de Simenon.
Cela ne va sans risque. Emporté par sa conviction que «
chacun a le droit de vivre », Simenon en arrive à faire
de singulières professions de foi politiques. Ainsi, par exemple,
dans Un banc au soleil, l'auteur commente la libération de
Pnom Phen de manière particulièrement légère
compte tenu de la gravité des événements.
De plus, l'auteur ne vérifie les informations qu'il a entendues
à la radio ; ce qui montre que même les hommes de talent
n'échappent pas à l'intoxication. Bien sûr, il
se rachète par la sincérité. Cela fait oublier
les jubilations khmères, les opinions hâtives et
dans
le vent, les partis pris
insurrectionnels
Dessin de [ ? ].
In « Pourquoi pas ? », n° 3'045 du 7 avril 1977.