Intrigue
Léontine-Antoine de Caramé, une veuve de quatre-vingt-six
ans, se rend au Quai des Orfèvres (Paris, France) et demande
à être entendue par le commissaire Maigret. Lorsque
enfin il la reçoit, la vieille dame lui demande de la
sauver d'un danger. Elle prétend que, chez elle, on la suit
et les objets changent de place.
Est-elle folle ? Elle n'en a pourtant pas l'air. Mais la police n'en
finirait pas, si elle devait tout prendre au sérieux ! Et quand
Maigret se décide à se rendre sur place pour évaluer
la situation, il est trop tard : la vieille dame a été
étranglée dans son salon.
Le meurtre ne semble pas prémédité et est sans
doute dû à la panique d'un voleur. Madame de Caramé
ne gardait pas d'argent chez elle, mais les tiroirs des vieilles dames
renferment parfois des secrets autrement surprenants
Dans celui
d'une commode, des traces d'huile signalent la disparition d'un revolver.
Maigret fouille le passé de la victime et ne trouve guère
que deux maris inoffensifs. Quant à son entourage, il se limite
à deux personnes : une nièce et son fils. Celui-ci,
Emile Louette (vingt-cinq ans), dit Billy, est guitariste dans un
groupe rock. Le commissaire devine très vite qu'il est hors
de cause. Sa mère, Angèle Louette (cinquante-six ans),
masseuse, ne fréquentait sa tante que dans l'espoir de toucher
l'héritage. Doit-il pour autant la soupçonner ? Il est
vrai qu'Angèle a pour amant un homme de vingt ans son cadet,
Marcel Montrond, dit le Grand Marcel. Un barman qui n'est pas sans
accointance avec le Milieu
L'enquête piétine. Jusqu'à ce que Marcel, qui
se sent surveillé par la police, quitte brusquement Paris pour
Toulon. Angèle dit à Maigret qu'il y a été
appelé pour une affaire de la plus haute importance. Le commissaire
informe son collègue Marella et prend lui aussi le train pour
Toulon. Là-bas, le Grand Marcel prend contact avec un truand
désormais richement reconverti à la légalité,
Pepito Giovanni.
Maigret suppose que l'amant d'Angèle Louette va chercher à
vendre à l'ancien gangster le revolver qu'il a dérobé
chez Madame de Caramé. Il se doute que cette arme doit avoir
une grande valeur, mais ignore en raison de quelle caractéristique
spéciale. Dès lors, le commissaire joue cartes sur table
avec Pepito Giovanni et l'avertit qu'il lui coûterait cher de
se compromettre avec le Grand Marcel
Message reçu cinq
sur cinq par le caïd à la retraite. Dans les jours qui
suivent son entrevue avec Maigret, il fait jeter dans la Méditerranée
le revolver que lui a remis le Grand Marcel. Quant à celui-ci,
devenu un témoin gênant, il se fait descendre par un
tueur aux ordres de Giovanni.
De retour à Paris, Maigret annonce à Angèle Louette
la mort de son amant. Sous le coup de l'émotion elle passe
aux aveux. Pour retenir le barman auprès d'elle, Angèle
lui parle de l'existence d'un revolver bricolé par le second
mari de Madame de Caramé. L'arme possède un silencieux
interne qui lui est directement incorporé, donc invisible.
Une grande première ! Sans le savoir, la paisible vieille dame
possédait chez elle un appât prodigieux pour le gangstérisme.
Le Grand Marcel profitait des absences de la veuve du bricoleur de
génie pour fouiller son appartement. S'il en est venu à
la tuer, c'est parce qu'un jour, elle l'a dérangé dans
ses recherches
Angèle n'est pour rien dans la mort de sa tante. Tout au plus
fût-ce au prix d'un vol a-t-elle tenté
de conserver les faveurs de son amant. Mais jamais elle n'a pensé
qu'un crime pourrait être commis alors qu'il s'agissait simplement
de mettre la main sur un revolver.
Aussi Maigret renonce-t-il à l'inculper de complicité.