Intrigue
La Cour d'assises du Palais de Justice, rue de Charonne (Paris, France),
est le centre névralgique de ce roman, dans lequel le commissaire
Maigret à deux ans de la retraite fait de fréquentes
allusions à la fin de sa carrière.
A la barre des témoins était-il venu ici deux
cent, trois cent fois ? davantage encore ? il n'avait pas envie de
les compter, ni de se remémorer chaque cas en particulier,
même les plus célèbres, ceux qui étaient
entrés dans l'histoire judiciaire, car c'était le côté
le plus pénible de sa profession il rend compte de l'enquête
qu'il a menée huit mois auparavant (entre fin février
et début mars) à propos du meurtre, rue Manuel 27 bis,
d'une vieille dame (Léontine Faverges, rentière, soixante-deux
ans) et de sa petite pensionnaire (Cécile Perrin, quatre ans).
Maigret avait aperçu les deux cadavres à travers la
porte vitrée. Celui de la femme était étendu
sur le tapis, la gorge tranchée à l'aide d'un instrument
qui ne se trouvait plus dans la pièce et on voyait sur le tapis
une mare de sang. Quant au corps de l'enfant, il était recroquevillé
sur le canapé, le visage enfoui sous des coussins de soie.
Le crime a permis au coupable de s'emparer d'une somme importante
en pièces d'or.
Le suspect est le neveu de Léontine Faverges, Gaston Meurant
(trente-huit ans), un encadreur qui savait où se trouvait la
fortune de sa tante et qui avait un pressant besoin d'argent (une
traite à payer sans délai). Cependant, Meurant nie fermement
être l'auteur du double assassinat.
C'est principalement sur la base d'une accusation anonyme et de taches
de sang retrouvées sur l'un de ses costumes que la police a
pu inculper Gaston Meurant.
Toutefois, pendant le procès, Maigret détourne les soupçons
qui pèsent sur Meurant et révèle à la
Cour, qu'à l'époque du drame, Ginette Meurant, son épouse,
souffrant de la vie terne et médiocre que lui offrait son mari,
fréquentait un inconnu. Le gérant de l'hôtel où
les amants se retrouvaient trois ou quatre fois par semaine s'en souvient
parfaitement et a formellement identifié Ginette Meurant.
Les informations données par Maigret valent à Gaston
Meurant d'être acquitté, faute de preuves suffisantes,
et font rebondir l'enquête. Ce d'autant plus que la liste des
hommes avec lesquels couche Ginette est fort longue, ce qui multiplie
du même coup la liste des suspects.
Meurant, qui ignorait tout des infidélités de sa femme,
est terrassé lorsqu'il l'apprend publiquement. Le lendemain
de sa libération, Ginette le quitte et s'installe dans une
chambre d'hôtel. Gaston, lui, prend le train pour Toulon, où
il va rejoindre son frère, Alfred, un petit truand. Celui-ci
lui remet un automatique et lui donne un certain nombre de renseignements
Et sans doute l'adresse de son rival.
De son côté, Maigret acquiert la conviction que le dernier
amant de Ginette l'inconnu avec lequel elle se rendait à
l'hôtel plusieurs fois par semaine et qui n'a pu être
identifié est vraisemblablement l'homme qui, avec l'aide
de Ginette, a tué Léontine Faverges et la petite Cécile,
vêtu d'un costume de Meurant, puis l'a dénoncé
à la police grâce à un coup de téléphone
anonyme.
Le commissaire est tenu au courant des allées et venues de
Gaston Meurant. Aussi, lorsque celui-ci à peine rentré
à Paris prend la route de Chelles (petite ville de Seine-et-Marne),
Maigret se doute-t-il bien que Meurant y est poussé par la
jalousie et le désir de vengeance.
Chelles
l'amant inconnu de Ginette doit certainement s'y cacher.
Quand Maigret arrive sur les lieux, il est déjà trop
tard : Pierre Millard, dit Pierrot, vient d'être abattu par
Gaston Meurant, qui se laisse arrêter par la police sans opposer
de résistance.
Chez Pierrot ami d'Alfred Meurant, qui n'a néanmoins
pas hésité à le
donner à son frère,
et amant de Ginette on retrouve une partie des pièces
d'or volées à Léontine Faverges.
Gaston Meurant retourne aux Assises, pour un second jugement et, surtout,
pour un crime dont cette fois il est vraiment l'auteur.
Mais il n'en donne pas moins tous les signes d'un grand apaisement.
Sur le banc des accusés, il retrouve Ginette, qui aura à
répondre de complicité dans le double assassinat de
la rue Manuel.