Intrigue
Une nuit, Maurice Marcia (soixante-deux ans), propriétaire
de
La Sardine, un restaurant à la mode, est retrouvé
mort une balle de gros calibre en plein cur rue
Junot à Montmartre (Paris, France). Manifestement, il n'a pas
été tué sur place : son corps a été
transporté. Au début de son enquête, Maigret apprend
que le restaurateur a quitté son établissement après
avoir reçu un coup de téléphone.
Ce qui intrigue le commissaire, c'est l'absence de mobile : Marcia
n'avait pas d'ennemi connu et ne faisait plus partie du Milieu depuis
plusieurs années. L'enquête stagne jusqu'à ce
que l'inspecteur Louis, du IXe arrondissement, soit averti par un
indicateur anonyme que le meurtre de Marcia a été commis
par les frères Mori.
Joseph et Manuel Mori, importateurs de légumes, sont des truands
soupçonnés de faire partie du
gang des châteaux,
une bande de cambrioleurs qui pillent de grosses propriétés
inoccupées. Mais on n'a jamais rien pu prouver contre eux
Maigret fait surveiller les frères Mori et interroge la veuve
de Marcia, une jeune femme de trente ans, qui était danseuse
et entraîneuse dans un cabaret. Cela ne donne rien, sinon que
le commissaire devine que Line Marcia lui ment.
Il faut que l'indicateur de l'inspecteur Louis se manifeste à
nouveau pour qu'apparaissent des éléments susceptibles
de décanter la situation. Cette fois, il s'adresse directement
à Maigret et le supplie d'arrêter l'aîné
des Mori, qui est l'assassin de Marcia. C'est pour lui une question
de vie ou de mort : tant que Manuel Mori court, il doit rester caché
sinon il risque sa vie car il a été témoin du
drame.
S'engage alors une double chasse à l'homme. Chacun de leur
côté, Maigret et les frères Mori cherchent à
débusquer l'indicateur. Le premier pour le faire parler ; les
autres pour le réduire au silence.
En interrogeant les Mori, Maigret découvre que l'aîné,
Manuel, est depuis trois ans l'amant de Line Marcia. Celui-ci était-il
un mari complaisant en raison de son âge, ou jouait-il un rôle
au sein du
gang des châteaux ? C'est en mettant la main
sur l'indicateur avant les frères Mori que le commissaire obtiendra
une réponse à cette question.
L'informateur anonyme de la P. J. est retrouvé terrorisé
dans une maison de Montmartre. Il se nomme Justin Crotton, dit la
Puce. C'est un homme qui a passé la quarantaine. Ancien chasseur
de cabaret, il est plus ou moins souteneur et vit avec une entraîneuse
de vingt-cinq ans, Blanche Pigoud. A l'occasion, il rend de menus
services à la police.
La nuit de l'assassinat, la Puce dit avoir vu Maurice Marcia pénétrer
dans l'immeuble où habite Manuel Mori. Line en est sortie peu
après. Joseph Mori est ensuite arrivé en voiture et
est monté chez son frère. Ils ont quitté l'immeuble
en portant un lourd ballot qu'ils ont hissé dans le véhicule.
Enfin, la Puce avoue être l'auteur du coup de téléphone
qui a attiré Marcia chez les Mori. C'est Manuel qui l'avait
payé pour cela.
Sur la base de ce témoignage accablant, Maigret arrête
successivement Line Marcia et les frère Mori. Les nerfs de
la jeune femme craquent plus rapidement que ceux des deux truands.
Line accuse Manuel du meurtre de son mari, pour diriger à sa
place le
gang des châteaux.
Aux Assises, Line Marcia campe sur ses déclarations. Manuel
Mori, lui, rejette la faute sur sa maîtresse et l'accuse d'avoir
tiré elle-même sur un mari qu'elle trouvait trop âgé
et devenu encombrant.
Les juges condamneront Line et Manuel à vingt ans de prison.
Joseph, reconnu complice, écopera de cinq ans. Ni l'enquête
de Maigret, ni le procès ne parviendront à établir
la vérité. C'est-à-dire ce qui s'est réellement
passé dans l'appartement de l'aîné des Mori. Et
l'on ne saura pas lequel des deux amants a eu l'idée du meurtre,
pas plus qu'on ne connaîtra le nom de celui qui a tué.
Quant à la Puce, il continuera de jouer les indicateurs pour
la police. Sans doute pour se venger de sa petite taille et de son
visage clownesque qui ne le font pas prendre au sérieux dans
le Milieu.