Intrigue
Rue François 1er, à Ivry (quartier de Paris, France).
Dans une très vieille maison patricienne, Léonard Lachaume
est retrouvé assassiné dans sa chambre. Il a été
tué par balles en pleine poitrine pendant la nuit du 2 au 3
novembre.
Dans cet immeuble où tout semble dater du XIXe siècle
Maigret éprouve un sentiment d'
irréalité
: tout est en dehors du temps et de la vie. Personne ne se préoccupe
du cadavre, la famille se tait et se tient sur la défensive.
Les premiers indices relevés dans la chambre de Léonard
Lachaume pourraient laisser penser que le vol est le mobile du crime.
Or, Maigret ne croit pas à cette hypothèse : qu'aurait-on
bien pu dérober à un homme pratiquement ruiné
?
Léonard Lachaume (cinquante-trois ans), veuf, dirigeait avec
son frère Armand, la biscuiterie familiale, fondée en
1817, jadis prospère, mais aujourd'hui vétuste et peu
rentable. Léonard était le directeur effectif de l'entreprise.
Dans l'immeuble d'Ivry, il habite avec ses parents (son père
a septante-huit ans et sa mère septante), Catherine (septante
ans environ) une bonne qui est à leur service depuis
cinquante ans et qui a été la nourrice de Léonard
son frère Armand et sa belle-sur Paulette.
La recherche de la vérité s'annonce difficile, principalement
en raison de l'attitude de la famille Lachaume, qui manifestement
s'est imposé la consigne du silence. Mais aussi à
cause d'un jeune juge d'instruction, Angelot, qui entend diriger lui-même
l'enquête et imposer ses principes à Maigret.
Le commissaire rencontre Véronique Lachaume, trente-quatre
ans, célibataire et sur cadette de Léonard et
d'Armand. Il y a plusieurs années, elle a quitté la
maison familiale, dans laquelle elle étouffait, pour vivre
sa vie à l'écart. Ce d'autant plus qu'on attendait d'elle
un riche mariage, afin d'assurer la survie de la biscuiterie moribonde.
Véronique est barmaid et animatrice à
L'Amazone.
Son amant Arthur Baquet plus connu sous le nom de Jacques Sainval
est publiciste. Il a dix ans de plus qu'elle. C'est un opportuniste,
qui a déjà été vu souvent en compagnie
de Paulette Lachaume, la femme d'Armand.
La cadette des Lachaume apprend à Maigret que l'entreprise
vivote uniquement grâce à l'immense fortune personnelle
de Paulette, fille unique d'un certain Zuberski, richissime marchand
de peaux parti de rien. Lassée de cette famille où la
vie coule au ralenti, Paulette projette de quitter son mari pour épouser
Jacques Sainval, dont elle est aussi la maîtresse. Le publiciste
courait donc deux lièvres à la fois, attendant que le
divorce soit réglé pour renoncer à Véronique,
moins riche, et assurer définitivement son avenir aux côtés
de Paulette.
Ce projet de divorce, Paulette l'a soigneusement caché à
son entourage. En se retirant de la famille, elle sait qu'elle menace
directement la survie de la biscuiterie, car elle est mariée
sous le régime de la séparation des biens.
Disposant de ces informations, Maigret interroge Paulette qui comprend
rapidement que le commissaire a deviné la cause du drame. Jusque-là,
elle s'est tue pour ne pas accabler une famille méritant plus
de pitié que de haine. Ses aveux chargent Léonard, qui
était très attaché à la continuité
de la
dynastie Lachaume.
L'aîné de la famille a intercepté une lettre de
Me André Radel, l'avocat qui a préparé le divorce
de Paulette. Conscient que le départ de sa belle-sur
aurait des conséquences catastrophiques sur l'avenir de la
biscuiterie, il prend le parti d'éliminer Paulette avant qu'elle
ne divorce. Aussi, durant cette fameuse nuit du 2 au novembre, simule-t-il
un vol et pénètre-t-il dans la chambre de Paulette avec
l'intention de la tuer au moyen d'une clef anglaise.
Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que Paulette était
sur ses gardes. Elle se méfiait de son beau-frère et
s'était fait remettre par son amant un revolver 6,35, au cas
où
Et Paulette s'est montrée plus prompte que
Léonard. Légitime défense !
Les parents de Léonard savaient que leur fils avait décidé
de tuer Paulette et avaient approuvé sa décision. Après
le meurtre de Léonard, ce sont eux qui ont imposé le
silence aux autres et se sont efforcés de faire disparaître
toute trace du drame. En tirant parti des indices préparés
par Léonard pour faire croire à un vol, on pousserait
la police sur la piste d'un cambrioleur surpris dont le geste désespéré
aurait coûté la vie de celui qui voulait à tout
prix empêcher sa famille de sombrer dans la ruine.
Lorsqu'il est mis au courant des aveux faits par sa femme, Armand
Lachaume se suicide. Un épilogue malheureux que Maigret
à deux ans de la retraite déplore et impute aux
méthodes préconisées par le juge Angelot, qu'il
n'apprécie pas !