Intrigue
Nous sommes en 1950. Jules Maigret (soixante-huit ans), commissaire
divisionnaire de la P. J. parisienne, est admis à la retraite
et se retire dans sa maison de Meung-sur-Loire (Loiret, France), où
il décide de rédiger ses Mémoires afin de rectifier
le portrait
plus vrai que nature qu'a tracé de lui le
romancier Sim devenu Simenon.
Maigret naît en 1881, à Saint-Fiacre (Allier, France),
un petit village campagnard dans les environs de Moulins. Son père,
Evariste, est régisseur dans la vaste propriété
appartenant à la plus ancienne et plus riche famille du village.
Alors qu'il n'est âgé que de huit ans, sa mère
meurt en couches des suites de la maladresse du docteur Gadelle, un
médecin alcoolique.
Evariste Maigret confie son fils à sa sur, qui a épousé
un boulanger de Nantes. C'est dans cette ville que Jules passera sa
jeunesse et fera ses études, ne voyant son père que
durant les vacances scolaires. Cet homme de la terre, paisible, honnête
et compréhensif, le marque néanmoins profondément.
C'est à lui que, plus tard, il ressemblera moralement.
En 1901, Jules Maigret qui a vingt ans doit interrompre
ses études de médecine à cause de la mort de
son père, qu'une tuberculose pulmonaire a enlevé. Il
quitte l'Ecole de médecine de Nantes et gagne Paris où
il espère trouver un emploi. Grâce à un voisin
de palier, il entre dans la police en tant que simple porteur de dépêches.
Il sera ensuite agent en uniforme, puis secrétaire du commissaire
Le Bret dans le quartier de Saint-Georges. Après avoir résolu
la difficile affaire Gendreau-Balthazar (voir :
La
première enquête de Maigret), Maigret est
nommé inspecteur. Quelques semaines après cette promotion,
il fait la connaissance de Louise, une jeune Alsacienne originaire
de Colmar calme et sérieuse, qui deviendra Madame Maigret.
A cette époque, Louise vit boulevard Beaumarchais, chez son
oncle et sa tante, Anselme et Géraldine Léonard, tous
deux très âgés (lui quasi centenaire, elle qautre-vingts
ans).
Jusqu'en 1911-1912, Maigret fait son apprentissage de policier. Il
passe d'une brigade à l'autre et découvre Paris sous
toutes les coutures : les rues, les gares, les bistrots, les
garnis, les grands magasins
A trente ans, il est admis dans
la Brigade spéciale du commissaire Guillaume, réalisant
ainsi le grand rêve de sa vie, qui était d'entrer au
Quai des Orfèvres, dirigé alors par Xavier Guichard,
un homme qui a été autrefois l'ami de son père,
du temps où il était régisseur à Saint-Fiacre.
C'est grâce à Xavier Guichard que Maigret fera un jour
la connaissance d'un jeune homme de vingt-quatre ans, le romancier
Georges Sim. Sous le patronyme de Simenon, celui-ci suivra le commissaire
Maigret comme son ombre et créera sa légende.
Maigret termine ses Mémoires en énumérant les
affaires et les crimes dont il s'est occupé. Il regrette que
Simenon n'ait raconté que les plus exceptionnels ou les plus
intéressants d'un point de vue psychologique. Car il estime
que ceux-ci ne représentent qu'une
part insignifiante
de ses activités. Car le policier n'est pas un héros,
c'est seulement un homme qui fait son métier de fonctionnaire.
Et ce métier est beaucoup plus monotone qu'on pourrait le croire
en lisant les romans de Simenon !
En conclusion, Maigret reconnaît que Simenon a sans doute eu
raison d'échafauder un univers romanesque qui déforme
les apparences de la P. J. à seule fin d'en préserver
la substance
.