Intrigue
Le récit de l'affaire Josset est une
confidence que
Maigret fait à son ami, le docteur Pardon. Persuadé
de l'innocence du condamné, le commissaire raconte avec amertume
son enquête, mettant l'accent sur certains problèmes
de conscience qu'il a pu rencontrer dans une profession où
il est amené à rechercher la vérité et
à fournir aux jurés d'une Cour d'Assises les éléments
à partir desquels ils se feront une opinion. L'affaire évoquée
date de plusieurs années. Elle a eu pour cadre le quartier
d'Auteuil (Paris, France).
Adrien Josset est un homme de condition modeste et sans grande envergure.
De simple pharmacien, il devient directeur dans une entreprise de
produits pharmaceutiques grâce à la fortune de son épouse,
Christine, née Fontane.
L'amour passionné que se vouaient les deux époux n'est
depuis quelques années plus qu'une certaine complicité.
Josset a d'ailleurs une maîtresse, sa secrétaire, Annette
Duché. Elle a vingt ans, il en a le double.
Un soir, les deux amants sont surpris par le père d'Annette,
Martin Duché, chef de bureau à la Sous-Préfecture
de Fontenay-le-Comte, venu rendre visite à sa fille. Par lâcheté,
Josset promet au fonctionnaire d'épouser sa fille. Après
avoir pris cet engagement, il rentre chez lui, en traînant de
bar en bar, jusqu'à l'ivresse.
A partir de ce moment là, les événements prennent
une désagréable tournure et la vérité
devient très difficile à cerner.
D'après le rapport du médecin légiste, Christine
Josset a été assassinée dans sa chambre à
coucher entre 22 heures et 1 heure du matin. Elle a reçu vingt-et-un
coups de couteau.
Adrien Josset, lui, affirme être arrivé chez lui à
en pleine nuit et avoir découvert le cadavre. Certain que le
meurtre lui serait imputé, il fait sommairement sa valise,
décide de partir pour l'Amérique du Sud, se rase, passe
à son bureau vider le coffre-fort, avant de revenir chez lui
et de renoncer à fuir.
Il attend encore plusieurs heures, qu'il passe à boire, et
se présente ensuite dans un poste de police pour annoncer la
mort de sa femme. Maigret, qui a interrogé Josset, est frappé
par son extrême souci d'exactitude dans sa façon de témoigner
des événements qu'il vient de vivre. Et bien que tout
plaide logiquement contre lui, le commissaire a tendance à
le croire innocent.
Ce n'est pas l'avis de la presse à sensation, qui s'empare
de l'affaire et dresse l'opinion publique contre Adrien Josset.
Ne pouvant supporter de voir sa fille mêlée à
cette tragique histoire, Martin Duché se suicide. L'annonce
de la mort de
l'honnête homme déshonoré et
la révélation sur l'avortement que sa fille Annette
a subi quelques mois avant le drame ne fait qu'accroître le
climat de haine envers Josset. Les lettres anonymes pleuvent, tandis
que Me Lenain spécialisé dans les procès
retentissants et surnommé
l'avocat des causes désespérées
tente de prouver que d'autres individus sont susceptibles d'avoir
tué Christine Josset.
Me Lenain démontre que Christine dont le couple partait
à vau l'eau s'était entourée de jeunes
gens qu'elle entretenait par besoin de domination. Parmi ses
protégés,
un certain Popaul, que l'avocat désigne comme étant
un petit truand.
Ce Popaul, Maigret le traquera en vain.
Adrien Josset est jugé. Dans l'hostilité et la passion,
le procès est mené au pas de charge. Sa culpabilité
paraît tellement évidente que l'affaire est réglée
rapidement. Impuissant, Maigret assiste au procès et entend
prononcer la peine de mort. Josset sera décapité.
Deux ans plus tard, alors qu'il s'occupe d'une affaire de traite des
blanches, Maigret interroge un homme dans son bureau du Quai des Orfèvres.
Au hasard d'une question, l'inculpé apprend au commissaire
qu'il a rencontré au Venezuela un truand qui se vantait, un
soir d'ivresse, d'avoir saigné sa maîtresse. Le gars
se faisait appeler Popaul et disait qu'il avait assassiné une
femme du monde, une certaine Christine, qui s'était toquée
de lui
Mais tout cela est bien vague. D'ailleurs, Popaul existe-il vraiment
? Et, dans cette affaire Josset, qui a menti ? Qui a dit la vérité
?