Intrigue
Un matin, sur la plate-forme de l'autobus, Maigret se fait voler son
portefeuille. Le lendemain, le pickpocket lui téléphone
pour lui demander un rendez-vous et lui faire part de son intention
de lui rendre ce qu'il lui a volé. Il prétend aussi
avoir quelque chose d'important à lui révéler,
mais qu'il ne peut pas venir à son bureau du Quai des Orfèvres
Les deux hommes se retrouvent dans un bar-tabac du quartier de Grenelle
(Paris, France). Le voleur François Ricain, dit Francis
est un jeune homme de vingt-cinq ans. Il est très nerveux
et maigre. Le teint fatigué de celui qui n'a pas dormi. Sans
doute intelligent, mais beaucoup trop prétentieux !
Ricain dit à Maigret l'avoir volé sans savoir qui il
était et parce qu'il avait un besoin immédiat d'argent.
Puis il a changé d'avis. Parce qu'il avait délesté
un commissaire de police ? Ou plutôt en raison de la gravité
de ce qu'il veut lui annoncer. Car il a découvert chez lui
le cadavre de Sophie, son épouse. Il craint qu'on l'inculpe
et demande à Maigret de croire à son innocence. Restituer
au commissaire son portefeuille n'est-il pas un gage de bonne foi
?
Maigret lui fait confiance. Et moitié pour le protéger,
moitié pour provoquer le meurtrier, il demande à François
Ricain de s'installer dans un petit hôtel plutôt que de
rester chez lui. En attendant que quelque chose se produise
Or, rien ne se passe. Si ce n'est que Maigret commence à découvrir
petit à petit les fréquentations du couple Ricain.
Dans son entourage un milieu artistique où l'ambition
semble corrompre assez vite les âmes François
passe pour un raté. Il a tâté du journalisme et
de la critique cinématographique, a été assistant
metteur en scène et dialoguiste occasionnel. Cela ne l'empêchait
pas de fanfaronner et de parler du brillant avenir auquel forcément
il était promis.
Quant à Sophie (vingt-deux ans), une belle jeune femme qui
couche avec tout le monde. Elle a été la maîtresse
de Walter Carus, un producteur de films, autour duquel gravite des
personnes dont les Ricain qui espèrent obtenir
un jour le rôle ou le job qui leur permettra de se faire connaître.
Sophie a également posé nue et couché avec Maki
Lecur de son vrai nom un sculpteur qui devrait
être célèbre mais qui est le plus souvent sans
commandes. Elle a également offert ses faveurs à Jacques
Huguet, un photographe, et à Gérard Dramin, un scénariste.
Si François fermait les yeux sur les aventures de Sophie, c'était
ensuite pour mieux taper ses amants et obtenir de quoi vivoter. La
vérité est même beaucoup plus crue : Ricain était
le maquereau de sa femme légitime et elle se prostituait pour
le loger et le nourrir.
Grâce aux témoignages de Huguet, Maigret apprend que
peu avant l'heure présumée du meurtre, François
et Sophie se sont disputés. Sans doute celle-ci a-t-elle traité
son mari de raté et l'a-t-elle menacé de le quitter.
Quoiqu'il en soit, blessé dans son orgueil et son idéalisme
forcené, François n'a pu le supporter et a tiré
sur sa femme. Avec un pistolet avec lequel il avait coutume de faire
l'intéressant, notamment quand il avait trop bu.
Voyant la partie perdue, Ricain s'offre le luxe d'un dernier geste
théâtral : il se coupe les veines
mais pas assez
pour éviter les Assises.
En effet, quand Maigret se rend chez lui pour l'arrêter, il
trouve un homme qui a fait mine de se suicider. C'est son deuxième
échec : le vol du portefeuille du commissaire, pour détourner
les soupçons de sa personne, est un stratagème pourtant
audacieux qui n'a pas apporté les fruits escomptés.
Face à la justice, François Ricain un homme peut-être
humilié par la vie pourra enfin jouer le rôle
d'un criminel qui a failli réussir un meurtre parfait en dupant
un policier. Et pas n'importe lequel