Intrigue
Liège (Belgique), au lendemain de la Première Guerre
mondiale. Dans le quartier d'Outremeuse, au fond d'une cour sinistre,
une bande de jeunes artistes et intellectuels se retrouve dans un
local sordide appelé
La Caque. Le jeune Simenon fait
partie de ces jeunes gens qui, après les traumatismes du conflit,
partagent le même goût pour l'exaltation farfelue, les
beuveries et la crasse. Entres autres excentricités, ces soirées
accueillent de temps à autre un homme originaire du Proche-Orient,
surnommé le Fakir. Cet illusionniste choisit, pour ses expériences,
le petit K
, un jeune peintre maladif et pauvre qu'il pousse
à consommer de la drogue et qu'on retrouvera pendu, un matin
d'hiver, au porche de l'église Saint-Pholine, à une
centaine de mètres de
La Caque [NDLR : il s'agit du
peintre Joseph Kleine, dont Simenon évoquera encore le destin
tragique dans
Le
pendu de Saint-Pholien].
Simenon, qui fut l'un des compagnons de K
, fait entre-temps
la connaissance d'un confrère en journalisme, Ferdinand Deblauwe
(environ trente-cinq ans). Fils d'un commerçant liégeois,
journaliste à Paris puis à Liège, Deblauwe est
un homme élégant et beau parleur. Grâce à
l'appui financier d'un Roumain dont il ne tardera pas à être
sans nouvelles, il lance une gazette satirique appelée «
Nanesse », à la rédaction de laquelle il associe
occasionnellement le jeune Simenon.
« Nanesse » perd rapidement sa vocation satirique et devient
une feuille de chantage que Deblauwe vend au bouquiniste Hyacinthe
Dans, avant de quitter la Belgique pour l'Espagne. Il trouve en effet
plus lucratif de s'installer à Barcelone et de faire travailler
pour lui, dans une maison close, son amie Renée. Le proxénétisme
marquera, dans l'existence de Ferdinand Deblauwe, le début
de la déchéance. On retrouvera l'ancien journaliste
à Paris, au début des années 1930, dans un hôtel
de la rue Maubeuge, où il vient d'assassiner un rival espagnol.
Simenon fréquente la librairie de l'adipeux Hyacinthe Dansà
la fin de l'occupation allemande. Dans son arrière-boutique,
celui-ci s'intéresse aux sciences occultes et aux petites filles.
Dès l'armistice, Dans se mue en homme de lettres et, une fois
propriétaire de « Nanesse », déclenche une
série de scandales qui lui valent d'être condamné
à deux ans de prison pour chantage.
Avant d'effectuer sa peine, Dans fuit la Belgique et gagne la région
parisienne avec sa maîtresse, Armande Comtat. Pour subsister,
il place la jeune femme dans une
maison de la rue du Caire.
Lorsqu'elle décide de le quitter, il demande à la voir
une dernière fois et la tue d'un coup de marteau à la
tête suivi d'un coup de couteau dans la gorge, comme il avait
vu abattre une truie dans la cour d'une ferme alors qu'il était
enfant. Dans la foulée, Dans répète le même
acte sur sa vieille mère puis, ayant fait la toilette mortuaire
des deux mortes, se rend à la gare et prend le train pour Liège.
Il a l'intention de se constituer prisonnier. Comme il craint d'être
extradé en France où l'attend la peine capitale, il
commet un troisième crime à Liège, déchargeant
son revolver sur le Père Haut, un jésuite qu'il a eu
autrefois comme confesseur au collège Saint-Gervais.
Hyancinthe Dans finira sa vie dans un asile d'aliénés.