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Manuscrit
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Texte intégral
La mort du commissaire Guillaume m'affecte personnellement.
On a dit qu'il avait servi de modèle au personnage de Maigret,
et c'est vrai en partie. Lorsque, après la publication des
trois ou quatre premiers romans de la série, Xavier Guichard,
alors directeur de la P.J., m'a prié d'aller le voir pour
me montrer des policiers en chair et en os, en même temps
que le fonctionnement de ses services, c'est le commissaire Guillaume,
chef de la Brigade criminelle, qu'il a chargé de cette initiation.
Il m'a parlé de la technique des interrogatoires, en particulier,
m'a mis en rapport avec un de ses anciens collaborateurs, grand
as en la matière, le commissaire Massu, qui devait lui succéder
quelques années plus tard.
Ces deux hommes, d'égale conscience et d'égale habileté
professionnelle, m'ont été très précieux.
Lequel des deux a le plus déteint sur un Maigret déjà
existant mais encore schématique ? Il me serait d'autant
plus difficile de le dire que j'ai connu d'autres fonctionnaires
de la P.J. qui, peut-être à mon insu, m'ont plus ou
moins impressionné.
Nous sommes devenus bons amis, Guillaume, Massu et moi. Nous nous
sommes revus souvent et j'étais présent le jour où,
quai des Orfèvres, les proches collaborateurs du commissaire
Guillaume, une coupe de champagne à la main, entouraient
une dernière fois le patron qui venait d'atteindre l'âge
de la retraite.
Ils sont fous, me disait un Guillaume ému et quelque
peu amer. A cinquante-cinq ans, nous avons tout juste appris notre
métier et on nous met dehors
Il devait avoir encore une longue activité, comme détective
privé, avant de disparaître à quatre-vingt-douze
ans.
Pour moi, ce n'est pas seulement un ami qui s'en va, mais comme
un frère aîné de Maigret.
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