Texte
intégral
Et le jeune homme blond à lunettes ? demandai-je.
Le commissaire Maigret se contenta de me regarder avec l'air
de dire :
Vous ne savez pas encore que le jeune homme à lunettes
dont on parle au début du roman n'est jamais le bon ?
Mais, pourtant, ripostai-je, le balayeur
Ah ! oui, fit-il, le balayeur
Et il y eut un drôle de sourire sous ses moustaches gauloises
:
Vous ne nierez pas que des puissances occultes avaient intérêt
à
Maigret grognait, recevait des rapports, des gens qui prétendaient
avoir entendu d'autres gens dire qu'ils savaient quelque chose.
C'était, samedi encore, le Maigret du huitième ou
du neuvième chapitre, quand il ne lui reste plus que quarante
pages pour découvrir le coupable. A ces moments-là,
il est plus taciturne que nature et il grogne beaucoup plus qu'il
parle, à moins que ce soit pour écarter les opportuns
d'un gros mot.
Etaient-ce les quatre douilles qui retenaient son attention ? Etait-ce
le stylet qui, d'après les uns, révélait l'intervention
d'un Espagnol et, d'après les autres, celle d'un Italien
?
Au troisième chapitre, c'est-à-dire vers mercredi,
on avait parlé d'une vengeance de femme.
Au quatrième chapitre, il avait été question
de la double vie de la victime.
Maigret ne bronchait pas, fumait, recevait des visiteurs et poursuivait
lourdement son idée.
Et dimanche enfin, comme il était assis à son bureau,
devant des documents épars, je le vis ramasser d'un geste
tous ses papiers, se lever avec un soupir, décrocher son
pardessus et saisir son melon.
Ce n'est pas possible ! dis-je. Vous ne pouvez pas avoir
trouvé la solution. Nous n'en sommes qu'au neuvième
chapitre et
Vous venez ? me dit-il. Il faut que je ferme le bureau.
Vous voulez retourner sur les lieux ?
Pas question.
Vous n'allez pas me dire que vous comptez procéder
à une arrestation ?
Nous étions dans le couloir de la P.J. et Maigret, tranquillement,
décrochait l'écriteau apposé à sa porte
et où figuraient son nom et son titre.
Voilà ! me dit-il simplement.
Voilà quoi ?
Vous le voyez bien ! Je m'en vais ! Je m'en vais chez moi.
Chez moi, comprenez-vous ?
Mais le jeune homme blond à lunettes
Mais le
balayeur
Mais l'association secrète qui
Cela ne me regarde plus
Nous sommes le 31 janvier
A partir de minuit, je ne suis plus commissaire divisionnaire et
A la retraite
le commissaire
Maigret !
Et c'est ainsi, par la retraite, que prit fin la dernière
enquête du commissaire Maigret.
Vous demandez de quel Maigret il s'agit ? Je parle du vrai, bien
entendu. Ou plutôt du faux, puisqu'il ne s'appelle pas Maigret,
mais Guillaume. Ou plutôt non, j'avais raison, il s'agit bien
du vrai, puisque c'est lui qui a servi de modèle au faux
Peut-être, après tout, serait-il plus simple de commencer
par le commencement.
Donc le commissaire Maigret (cette fois, il s'agit bien de celui
de mes romans), le commissaire Maigret, dis-je, est né par
le plus grand des hasards le
Au fait, il n'est même pas né en France, mais en Hollande,
en 1929 ou en 1930, alors que mon bateau, fatigué par un
été dans les mers du nord, avait quitté son
élément naturel et se dressait sur un chantier, livré
aux mains des calfats.
Je ne sais pas si vous connaissez les calfats. Ce sont des gens
qui, à grands coups de maillet, s'acharnent à faire
pénétrer le plus d'étoupe possible entre les
bordés d'un bateau. Du matin au soir donc, ils frappaient
de la sorte et, dans ma cabine, on aurait pu se croire sous la grosse
cloche d'une cathédrale un dimanche de Pâques.
Comme il me fallait travailler coûte que coûte, ne fût-ce
que pour payer ces bougres-là, je dénichai, au fond
du port, une goélette coulée depuis des années
et dans laquelle il n'y avait, par miracle, qu'une dizaine de centimètres
d'eau.
C'est là que Maigret est né, moi, assis sur une caisse,
ma machine sur une autre, mes pieds en équilibre sur des
briques qui formaient d'instables îlots, avec quelques rats
étonnés qui tenaient le rôle du buf et
de l'âne de la crèche.
Je n'avais lu alors ni Conan Doyle, ni Wallace, ni les ouvrages
de Locard, de Grotz ou de Reiss. Je n'avais mis les pieds ni au
quai des Orfèvres, ni rue des Saussaie, et, en fait de policiers,
je ne connaissais que les agents à bâton blanc qu'on
voit au coin des rues.
Pourquoi je m'étais mis en tête d'écrire des
romans policiers ? Je n'en sais rien. Peut-être simplement
parce que mon éditeur me réclamait des romans cosmopolites
genre Dekobra.
Je me dis :
En somme, c'est un métier comme un autre. Donc, ces
gars-là doivent être des gens comme les autres
Et je conçus Maigret à la ressemblance de tout le
monde, un brave type faisant son métier aussi consciencieusement
que possible.
Le roman fini, je l'expédiai à Paris et, comme mes
calfats en avaient terminé avec mon bateau, je repris la
mer, arrivai à Wilhelmshafen, où je trouvai commode
de m'amarrer à une pile du pont pour commencer un nouveau
livre.
Le lendemain, les autorités me priaient de m'installer ailleurs,
et je choisis un îlot formé par une quarantaine de
torpilleurs qui se rouillaient.
Il était dit que l'enfantement de Maigret serait laborieux.
Je n'en étais pas au second chapitre qu'un quidam du contre-espionnage
(un vrai policier, celui-ci, le premier, en réalité
que je voyais d'aussi près) me demandait avec insistance
pourquoi je choisissais un port allemand pour mes exercices de dactylographie.
Après quoi, mal convaincu de l'innocence de mes travaux,
il s'installait dans ma cabine et, des heures durant, épluchait
ma copie.
Que signifie exactement cette phrase ? me demandait-il soupçonneux.
Ou bien :
Pourquoi mettez-vous trois petites étoiles après
ce passage ?
Ce fut mon premier lecteur. Un lecteur peu enthousiaste, puisqu'il
me donna quarante-huit heures pour quitter les eaux allemandes en
compagnie de mon Maigret inachevé.
Un Maigret inachevé, c'est le mot : plein de bonne volonté,
certes, mais bien peu au courant des règlements qui régissent
sa profession et même parfois les lois de son pays. Dans sa
fougue, il confondait Police Judiciaire et Sûreté Générale,
inspecteurs et brigadiers, gendarmes et gardes mobiles, et il poussait
l'humilité jusqu'à faire toutes les planques
en personne, les pieds dans l'eau, sous la pluie battante. Quant
aux délégations judiciaires, je crois bien qu'il ne
savait pas ce que c'était.
Il avait beau être mon enfant et être né dans
la cale d'un navire échoué, je n'en finis pas moins
par lui trouver mauvaise mine et, un beau jour, pris de scrupules,
j'allai timidement faire un tour au quai des Orfèvres, pour
voir les vrais.
Or, je fus très surpris d'entendre M. Xavier Guichard, alors
directeur de la P.J., me dire avec son plus malicieux sourire :
Voulez-vous que je vous présente le commissaire Maigret
?
Et il me l'a présenté : un Maigret en chair et en
os, un Maigret grognon et sensible, têtu comme une mule, tellement
têtu qu'il s'est toujours obstiné à fumer la
cigarette sans comprendre qu'il me gâchait mon personnage
qui, lui, a toujours une pipe entre les dents.
Mais, par contre, sa façon de vous regarder au milieu du
front comme si vous étiez transparent
Et sa façon de vous écouter avec l'air de penser à
autre chose
Et de concrétiser soudain sa pensée par un «
Merde ! » sonore
Que pouvait faire mon Maigret à moi ? Regarder l'autre et
l'imiter - la cigarette en moins, évidemment !
Bref, ressembler autant que possible au commissaire Guillaume. Lui
ressembler au point de rompre avec toutes les traditions des policiers
de roman et de n'avoir aucun génie.
Je sais que le commissaire Guillaume ne m'en voudra pas et qu'il
est le premier à l'idée de ce qui arriverait si les
policiers se mettaient à avoir du génie.
De même n'en voulait-il pas à Maigret quand celui-ci,
au début, embusqué dans le bureau de son modèle,
grommelait :
C'est bête comme chou !
Parbleu, oui, c'est bête comme chou. Un monsieur - ou une
dame - a commis un crime, ou un vol, ou un attentat à la
pudeur, ou n'importe quoi qui, s'il avoue, lui vaudra tant d'années
de prison, à moins que ce soit la guillotine.
Or, en face de lui, se trouve un autre monsieur dont c'est le métier
de lui faire avouer.
C'est tout !
Le matin, sur le coup de neuf heures, ils sont ainsi quelques-uns
qui, d'un pas tranquille, en fumant la pipe ou la cigarette, pénètrent
dans le bureau du chef. Paris vient de vivre une nuit de plus et
son existence dramatique se résume en quelques procès-verbaux,
en quelques télégrammes que le patron feuillette d'un
doigt négligent.
Dites donc, Guillaume, vos types ont remis ça, rue
d'Hauteville.
Ça va ! Encore trois ou quatre jours et je les bouclerai
Les types de Guillaume, ce sont les perceurs de plafonds qui ont
opérés vingt fois en un mois, toujours chez des bijoutiers
ou chez des fourreurs. Si on dit les types de Guillaume,
c'est parce qu'il est chargé d'eux et que, depuis un mois,
il les observe en attendant le moment de les coincer.
Quelqu'un lit le journal qui écrit avec amertume :
Il semble bien que la police ait renoncé à mettre
la main sur l'assassin de la débitante de la rue Picpus.
L'enquête, qui dure depuis trois mois, a été
close.
Ce n'est pas vrai. Une enquête n'est jamais close. Mais allez
expliquer aux gens qui ne savent pas que, justement, il ne faut
rien faire, sinon attendre, et que, fatalement, dans un mois ou
dans dix, l'assassin qu'on tient à l'il, viendra se
faire prendre ?
Crime mystérieux. L'enquête révélera
certainement des surprises
Mais non ! Maigret, maintenant, suce rêveusement sa pipe comme
il a vu son collègue Guillaume sucer sa cigarette éteinte.
Tout cela est de la littérature ! Il faut laisser dire les
bavards. Quand on a vécu quarante ans dans la maison, on
reconnaît d'une lieue le crime d'un fou. Or, il est bien probable
que cette histoire autour de laquelle on mène si grand tapage
trouvera sa solution dans la clientèle des asiles et des
psychiatres.
Fusillade, rue de Douai
dit le chef.
Et Maigret grogne :
Dubois, va me chercher Grand Louis
Il laissera Grand Louis mariner pendant deux ou trois heures dans
la salle d'attente avant de s'écrier :
Comment ! Tu étais là et on ne m'a pas prévenu
? C'est idiot ! Surtout qu'il ne s'agit que d'une formalité
Entre
Assieds-toi
Une cigarette
Ton frère
va bien ? Tiens ! J'ai un copain qui l'a rencontré mercredi
à Marseille
La petite formalité va durer huit heures, peut-être
davantage, et finir par l'arrestation d'une demi-douzaine de malfaiteurs.
Essayez, vous, de faire de la police avec du génie, des cendres
de cigarette, des loupes perfectionnées ou encore, comme
les G-Men américains qu'on voit au cinéma,
avec des autos ultra-rapides et des mitraillettes
Maigret a préféré se cacher dans un coin du
bureau du commissaire Guillaume et c'est là qu'un jour, il
n'y a pas si longtemps, il a pris sa meilleure leçon de choses.
Asseyez-vous, cher monsieur
Cela n'a l'air de rien mais, pour que le commissaire Guillaume appelle
cher monsieur un personnage qu'il fait asseoir en face de
lui, dans son bureau banal de fonctionnaire
Je suis désolé de vous avoir fait attendre.
J'étais chez le patron au sujet d'une autre affaire
Au fait, qu'est-ce que je voulais vous demander ?
C'est ici que le commissaire Guillaume est Maigret cent pour cent.
L'air ennuyé, il tiraille ses moustaches gauloises, change
des papiers de place, tend son étui à cigarettes.
Ah ! oui, je me souviens, maintenant
C'est bien à
dix heures que l'encaisseur Truphène s'est présenté
chez vous avec la traite ?
A dix heures, oui
C'est ridicule
L'inspecteur avait oublié de
le noter au procès-verbal
Cela s'appelle un interrogatoire à la chansonnette. Rien
de moins impressionnant. Rien de plus cordial. Mais rien de plus
tragique.
Le monsieur, qui est mal assis sur le bord de sa chaise et qui est
arrivé, libre, au quai des Orfèvres, s'appelle Mestorino.
On n'a rien contre lui, pas le plus petit commencement de preuve
et, deux fois déjà, dans ce même bureau, il
a été interrogé sans résultat. N'empêche
que le commissaire Guillaume est persuadé qu'il a tué
l'encaisseur Truphène et qu'il est décidé,
ce soir même, à obtenir des aveux.
Je ne vous retiendrai pas plus longtemps
Mais tant
que vous êtes là
Mestorino est si bien là, qu'il y restera dix-huit heures,
sur la même chaise, en face du même commissaire qui,
tout à l'heure, fera monter de la bière et des sandwiches
et continuera l'entretien tout en cassant la croûte.
Je me suis dit ceci :
Puisque vous avez payé
la traite, l'encaisseur avait vos trente mille francs sur lui quand
il a été assassiné
L'assassin lui a volé
cet argent
Donc, si on pouvait connaître les numéros
des billets
Je ne les ai pas notés
Evidemment ! Vous ne pouviez pas prévoir ce qui allait
arriver. Moi-même, je ne note jamais les numéros de
mes billets de banque
Cependant, il y a peut-être un
autre moyen
Vous ne deviez pas avoir trente mille francs chez
vous
Vous les avez pris à votre banque
Qui sait
si celle-ci ne connaît pas les numéros ?
Je ne suis pas au courant.
Les billets étaient-ils neufs ?
Je ne sais pas
C'est ennuyeux ! Faites un effort
Vous pouvez nous
rendre un grand service
A quel banque avez-vous pris cet argent
?
Je ne me souviens pas
Ouf ! Le premier round est terminé : il est évident
que Mestorino n'avait pas les trente mille francs et que la traite
n'a pas été payée.
Vous n'avez pas soif ? Je vous fait monter un demi ?
Merci
articule l'autre, la gorge sèche.
Où en étions-nous
Ah ! oui
Tiens
! Où a-t-on mis mon code ?
Et le commissaire fouille partout, téléphone, appelle
un inspecteur, se trouve enfin en possession du bouquin où
il cherche Dieu sait quoi.
Bon ! Je le pensais bien ! Vous ne risquez pas grand-chose.
Il est évident que vous n'avez pas tué Truphène
(un bon rire) ; il n'est pas question de cela, n'est-ce pas
Par contre, je vais être obligé de relever contre vous
un faux témoignage
Voyez vous-même le tarif
Car vous ne me ferez pas croire que vous avez payé votre
traite
Cela saute aux yeux, mon vieux
Il est préférable
de vous mettre à table
Sans compter que, puisque vous
n'avez pas de casier judiciaire, vous obtiendrez le sursis
Un silence. Le garçon a de nouveau monté de la bière.
Ecoutez, Mestorino. Je vais vous dire comment les choses
se sont passées. Quand Truphène est venu, vous n'aviez
pas eu le temps de passer à la banque et vous lui avez demandé
de revenir. Lui, vous connaissant, sachant que vous êtes un
commerçant sérieux, vous a laissé la traite
en annonçant qu'il serait chez vous à midi. Or, à
midi, il n'est pas revenu, pour la bonne raison qu'il avait été
assassiné ailleurs. Vous, vous avez commis l'imprudence de
garder la traite sans avouer qu'elle n'était pas payée
Tout au plus pourra-t-on parler de tentative d'escroquerie ?
Que dit le code à ce sujet ?
Vous l'avez en main
Fin du deuxième round. Des heures se sont écoulées.
La nuit est venue, les couloirs se sont vidés et seuls quelques
journalistes attendent sur la banquette.
Bon ! Vous avouez que vous n'avez pas payé la traite.
Il est trop tard, maintenant, pour revenir en arrière, puisque
vous avez signé. Il me reste à vous faire remarquer
que, selon plusieurs témoins, Truphène n'avait aucune
confiance en vous et que jamais il vous aurait laissé une
traite impayée. Vos affaires allaient mal, tout le monde
le savait. Plusieurs fois, l'encaisseur s'est montré grossier
envers vous. Je suis persuadé que, ce matin-là, il
a été plus insolent que de coutume, qu'il vous a peut-être
menacé, ce qui expliquerait de votre part un geste de colère.
Supposons que sa tête ait porté sur le coin du bureau
Vous avez le code devant vous
Cherchez l'homicide par imprudence
Je ne me souviens plus du tarif
Après la nuit, le petit jour grisâtre, la maison qui
s'emplit à nouveau d'allées et venues, des gens qui
entrouvrent la porte et voient Mestorino toujours à la même
place, le cendrier débordant de bouts de cigarettes et des
miettes de pain sur le bureau.
Avouez, mon vieux, qu'on aille dormir. Vous serez tellement
plus tranquille après !
Et le premier aveu ne sera pas une parole de l'assassin, mais une
odeur écurante qui, soudain, remplira la pièce,
trahissant la débâcle morale et physique de Mestorino.
Signe, va ! Et va te coucher
Je me suis dit parfois :
Cet animal de Maigret ne fera jamais rien de bon. Il est
trop sentimental. Il lui arrive, au cours d'une enquête, d'avoir
la larme à l'il
Et Maigret m'a répondu en lançant placidement une
bouffée de fumée :
Si vous croyez que Guillaume est de bois ! Il gueule, bien
sûr, mais je gueule aussi et, dans le fond
Puis il m'a déclaré à brûle-poupoint
:
Savez-vous qui, aux heures d'abattement, Mestonrino appelait-il
dans sa cellule pour lui remonter le moral ? Le commissaire Guillaume
!
Puis il a ajouté avec l'air de ne pas y toucher :
Il n'y a pas que les affaires dont les journaux parlent.
Il y a les autres, beaucoup plus nombreuses, des affaires de famille,
le plus souvent, qui se règlent en chuchotant derrière
les portes matelassées, avec accompagnements de sanglots
Et il y a aussi une façon cordiale d'envoyer quelqu'un au
bagne :
Tu es un petit imbécile, voilà ce que tu es
! Tu as voulu faire le malin, montrer à ta bonne amie que
tu étais un dur et tu as descendu la débitante comme
un crétin que tu es, sans même avoir soin de mettre
des gants. C'est bien fait pour toi
Une autre fois
Le plus fort, c'est que le gosse se met à chialer et à
demander pardon comme il le ferait à sa mère !
On a découvert au bois de Boulogne le corps de
Maigret, lui, le mien est à la retraite depuis trois ans,
mais l'autre, qui lui a servi de modèle, s'est rendu au bois
de Boulogne, dans un taxi, et s'est penché sur le corps,
tandis que les photographes le mitraillaient.
Une grosse affaire, commissaire !
Le commissaire grogne.
Une affaire sensationnelle
écrivent les journaux.
Et le patron lui-même murmure :
Une affaire délicate
Le commissaire grogne toujours, va son petit bonhomme de chemin,
sans s'émouvoir, car ce n'est pas parce que le crime est
mystérieux à souhait et que les quotidiens lui consacrent
quatre colonnes en première page qu'il faut s'emballer.
C'est du beau boulot, voilà tout, du boulot vraiment intéressant,
comme il vous en vous en tombe tous les deux ou trois ans.
Le jeune homme à lunettes
Le balayeur au langage
choisi
Les polices secrètes et les mafias
Mardi
Mercredi
Jeudi
Témoignages
Recherches
Vendredi
Des témoignages qui s'écroulent
et d'autres qui naissent
Vérifications et contre-interrogatoires
Samedi
Dimanche
Alors, le commissaire endosse son pardessus, met son chapeau et
Et celui qui a servi de modèle à mon Maigret s'en
va tranquillement rejoindre l'autre dans la retraite en fumant philosophiquement
sa
J'allais écrire sa pipe !
Mais pourquoi diable s'obstine-t-il à fumer la cigarette
?
Quant à la solution de l'énigme du bois de Boulogne,
il aura toujours la ressource de la lire dans les journaux !