La femme rousse
Roman policier
L'un des quatre proto-Maigret

  • Pseudonyme
    Georges Sim.
    Liste des ouvrages publiés sous le même pseudonyme.



  • Rédaction
    A bord de l'Ostrogoth, [lieu non connu], à la fin de l'été 1929 [ ? ].


  • Manuscrit
    [ ? ].


  • Publication d'une préoriginale
    Aucune.


  • Edition originale
    Achevé d'imprimer : avril 1933.
    Paris, J. Tallandier ; 18,5 x 12 cm, 188 pages ; couverture illustrée (photo non signée) ; 2 Fr.
    Collection « Criminels et policiers » (nouvelle série), n° 7.
    Pas de grands papiers, ni de tirage numéroté.


      La femme rousse, 1933.
    Edition originale.


  • Réédition(s) / Edition(s) collective(s) en français
    Liste non exhaustive

    Réédition :

    Paris, R. Julliard, 1991.
    Collection « La seconde chance ».

    Edition collective :
    In Maigret entre en scène (Paris, Omnibus, 1999).
    Simenon avant Simenon - tome 2.


  • Remarque(s)
    La femme rousse est le troisième des prototypes dans l'ordre de rédaction, et le quatrième et dernier dans l'ordre de publication. Ce roman ne figure pas dans le cycle officiel des « Maigret », qui compte 103 enquêtes.

    La femme rousse fait partie des rares manuscrits de Simenon à avoir été en souffrance en raison de l'indifférence des éditeurs. Achevé à la fin de l'été 1929, le roman n'est publié qu'en avril 1933… alors que dix-sept « Maigret-Simenon » caracolent déjà aux vitrines des librairies.

    Avec La femme rousse, Georges Sim s'éloigne de l'univers du roman populaire et se rapproche du roman semi-littéraire que Simenon rêve d'écrire. En effet, dès les premières lignes, apparaît un thème autour duquel le futur Simenon va s'attacher pendant plus de quarante ans : la sublimation d'un être que son entourage tenait pour insignifiant. Dans La femme rousse, c'est Marcel Debonnier qui tient ce rôle de l'homme prisonnier de la rue - il n'ose plus se présenter devant sa femme sans lui ramener leur fille - va découvrir à travers une vision nocturne et sinistre de la vie : la peur, la solitude, l'incommunicabilité, la ruse, la lassitude, la lâcheté, la trahison ou l'indifférence de ceux qui auraient pu l'aider. Debonnier est aussi le premier exemple que Simenon donne de l'homme qui passe de l'exaltation à l'inéluctable dépression. L'auteur montrera plus tard (La tête d'un homme, L'homme dans la rue, Le client le plus obstiné du monde) comment le personnage le plus élégant devient une épave après un séjour prolongé dans la rue.

    A ce thème de la fuite (c'est-à-dire de l'errance initiatique), esquissé dans La femme rousse, Simenon donnera des accents bouleversants dans L'homme qui regardait passer les trains et La fuite de M. Monde.


  • Intrigue
    A 53 ans, Marcel Debonnier est retraité de la compagnie des Chemins de Fer d'Orléans. A Samois, près de la forêt de Fontainebleau, il coule des jours paisibles dans le pavillon qu'il possède au bord de la Seine. C'est un homme qu'on respecte pour son honnêteté ou sa compétence, mais avec une certaine condescendance. Un homme sans importance qui aimerait obtenir un tout petit peu plus que ce que lui offre sa modeste conception du bonheur.

    Les époux Debonnier vivent avec leur fille unique, Hélène, âgée de 19 ans. Depuis deux mois, elle est amoureuse d'un homme séduisant, de onze ans son aîné, qui se fait appeler M. Georges. Un dimanche de juin, alors que les Debonnier sont dans leur jardin fleuri de roses et de lilas, le passager d'un canot lance une lettre anonyme sur la pelouse. Le billet révèle que l'élégant et charmant M. Georges n'est autre que Jojo-le-Tueur, un terrible assassin à l'actif duquel sont portés quatre meurtres (chacun marqué par onze coups de couteau) en quelques semaines.

    Dans un premier temps, Marcel Debonnier affronte seul cette nouvelle qui ravage la tranquillité de son univers familial. Il cache ce qu'il vient d'apprendre à sa femme, à sa fille et à celui qu'il considérait déjà comme son futur gendre. Mais la disparition de Georges, puis celle d'Hélène, vont obliger le débonnaire retraité à se lancer dans la jungle parisienne, à la recherche de sa fille. Debonnier mène une enquête qui va considérablement gêner Maigret dans ses investigations, alors qu'il est sur le point de mettre la main sur Georges et sa complice, Louise Favereau, une jeune femme rousse aux yeux verts.

    La marge de manœuvre de Debonnier est étroite, parce qu'il se trouve coincé entre la police et le tueur ou ses complices. Puis, de chasseur, il ne tarde pas à devenir lui aussi une proie. Descendu à l'Hôtel du Louvre, il échappe miraculeusement à la mort lorsqu'un garçon d'étage donne par mégarde au meurtrier le numéro de la chambre de son voisin, un négociant en vins de Carcassonne.

    Debonnier parvient néanmoins à retrouver Hélène et à se cacher avec elle dans une auberge de Joinville-le-Pont. Ils y sont toutefois rapidement rejoints par Georges, qui a été blessé à Paris. Hélène n'a pas renoncé à son amour pour celui-ci et elle est heureuse de le revoir.

    Mais sur la piste de Georges, il y a non seulement Maigret et ses inspecteurs, mais aussi un certain Carmona, l'Homme à la dent d'or. Dans un dernier combat, Georges tue Carmona (qui l'avait blessé à Paris), avant que la police n'ait le temps d'intervenir.

    A la surprise de chacun, Maigret n'arrête pas Georges, dont il a deviné l'histoire. Son patronyme est Favereau. Il est né au Mexique de parents français et a passé toute sa jeunesse en Amérique du Sud. Il y a dix ans, pour obtenir leur argent, des bandits à la solde de Carmona ont tué son père, après l'avoir torturé, et violé sa sœur Louise. C'est avec elle la femme rousse et deux amis que Georges est venu à Paris pour venger sa famille. En abattant Carmona, il a éliminé le dernier de ses tortionnaires encore en vie.

    Il apparaît alors que Georges n'est pas Jojo-le-Tueur et que le dénommé Carmona est l'auteur des deux premiers meurtres (les victimes sont les amis qui devaient aider Georges dans sa vengeance). C'est un bagnard en cavale qui se cache derrière Jojo-le-Tueur et qui s'est inspiré de la méthode de Carmona (onze coups de couteau) pour commettre les deux autres meurtres.

    Il faut toute la compréhension de Maigret toute sa complicité aussi ! pour que Georges Favereau puisse s'enfuir avec Hélène Debonnier en Champagne, où il l'épousera bientôt. Le commissaire est même attendu au mariage…



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