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  Histoire belge avec chute suisse (suite)
De 1946 à nos jours

• Première partie : de 1903 à 1945




Illustration de Jean-Paul Véret-Lemarinier figurant sur l'envelopppe premier jour « Georges Simenon » du 15 octobre 1994 émise par la poste française.



1947 (31 octobre)  
Décès de Christian Simenon en Indochine, dans la Légion étrangère, à l'âge de 41 ans. « C'est dommage, Georges, que ce soit Christian qui soit mort » , lui dira sa mère.

Lettre à mon juge est un nouveau best-seller (470'000 exemplaires en français).

1949
Le 10 janvier, mort à Liège de Joseph André, le second mari d'Henriette Brüll. La mère de Simenon est donc veuve pour la deuxième fois.

Le 19 juillet, en sa dernière séance avant dissolution, le Comité d'épuration des gens de lettres condamne Simenon, coupable de trop de succès littéraires et cinématographiques sous l'Occupation, en le frappant pour une durée de deux ans « de la totalité des interdictions temporaires prévues par l'article 3 de l'ordonnance du 30 mai 1945 ». Mais l'affaire est plaidable. Simenon, convaincu de sa bonne foi pleine et entière, rédige à l'intention de son avocat un plaidoyer long de cinq pages. Et finalement les choses s'arrangent, grâce à Me Maurice Garçon.

Le 29 septembre, à Tucson (Arizona), naissance de Jean Denis Chrétien Simenon, dit Johnny, fils de Georges et de Denyse Ouimet. Son parrain est Jean Renoir ; sa marraine Mme de R., de Tucson, l'épouse du comte jardinier (dans son œuvre, Simenon ne la mentionne pas sous son patronyme complet : il se limite à l'initiale « R. », pour elle comme pour son mari).

Avec Maigret chez le coroner, Simenon atteint son plus gros tirage en langue française (610'000 exemplaires).


  Denyse Ouimet.
Photo non signée et non datée (Fonds Simenon, Liège, Belgique).
In Simenon, de Pierre Assouline (Paris, Julliard, 1992).


1950  
Simenon obtient le divorce d'avec Régine Renchon (21 juin) et se remarie le lendemain avec Denise Ouimet.

Le 8 décembre, il refuse la naturalisation américaine.

Thomas Narcejac est l'auteur du premier essai consacré à l'œuvre de Simenon (Le cas Simenon - Paris, Presses de la Cité).

Du 6 juillet 1950 au 9 mars 1955, soit presque cinq ans, Simenon réalise un véritable record de productivité en écrivant 26 romans.

1952
Le 18 avril, lors d'une réception officielle au 36, quai des Orfèvres, siège de la P.J., Simenon reçoit solennellement une plaque de commissaire n° 0000 au nom de « Maigret » . Et pour marquer notablement cette journée, le fameux Bal anthropométrique de 1931 est ensuite reconstitué rue Vavin.

Simenon se voit remettre le prix du Quai des Orfèvres (29 avril), puis il est reçu à l'Académie royale de langue et de littérature françaises (10 mai), et enfin élu président des Mystery Writers of America (4 décembre).

1953 (23 février)
Naissance, à Sharon (Lakeville, Connecticut), de Marie Georges Simenon, dite Marie-Jo, fille de Georges et de Denyse. Son parrain est son frère aîné Marc ; sa marraine Jacqueline Pagnol.


1954  
Simenon fait la connaissance de Gilbert Sigaux, qui deviendra son exégète et son ami.


  Simenon en 1955.
Photo : Grooteclaes (Fonds Simenon, Liège, Belgique).
In Simenon, de Stanley Eskin (Paris, Presses de la Cité, 1990).


1955 (21 décembre)  
Création, au théâtre des Champs-Elysées à Paris, du ballet La Chambre, chorégraphie de Laurent Petit sur un argument de Georges Simenon et une musique de Georges Auric (décors de Bernard Buffet).

1957 (juillet)
Simenon s'installe définitivement en Suisse, à Echandens près de Lausanne (dans les romans : Noland, Vaud).

1958 (novembre)
Simenon prononce à Bruxelles une importante conférence intitulée Le roman de l'homme, à l'occasion de l'Exposition internationale. La même conférence est ensuite donnée à Charleroi et à Liège.

1959 (26 mai)
Naissance, à Lausanne, de Pierre Nicolas Chrétien Simenon, fils de Georges et de Denyse. Son parrain est son frère Johnny ; sa marraine Juliette Achard.

1960
Au début de l'année, Simenon suit à Genève, les débats judiciaires de l'affaire Jaccoud.

Le 3 mars, sur la demande de Roger Stéphane, Simenon enregistre pour la télévision française un Portrait souvenir d'Honoré de Balzac, dont la préparation lui a demandé un mois de travail.

1961  
En octobre, Simenon reçoit le Grand Prix septennal de la Province de Liège, dont il offre le montant (70'000 francs) aux gosses de Bavière.

Au cours d'un de ses voyages à Milan, Simenon demande à la secrétaire d'Arnoldo Mondadori, son éditeur italien, de chercher une femme de chambre pour Denyse. C'est ainsi que le 14 décembre, Teresa Sburelin entrera au service de la famille. Elle deviendra plus tard la compagne des dernières années de Simenon.

1962  
En juin, Denyse Simenon-Ouimet, qui connaissait des problème d'alcoolisme et de dépression nerveuse depuis mai 1960, entre en cure de désintoxication dans une institution hospitalière de Prangins (Vaud).

1963 (19 décembre)
Simenon s'installe au domaine d'Epalinges, à quelques kilomètres de Lausanne, dans une gigantesque demeure bâtie d'après ses plans.

1966 (3 septembre)  
Une statue de Maigret, créée par Pieter d'Hondt, sur commande de l'éditeur hollandais Aps Bruna, est inaugurée à Delfzijl où - selon la légende racontée par Simenon lui-même - fut écrit en septembre 1929 le premier Maigret, Pietr-le-Letton. L'auteur y est entouré de quatorze éditeurs du monde entier et d'acteurs ayant incarné le célèbre commissaire à la télévision (Rupert Davies, anglais ; Heinz Ruhmann, allemand ; Gino Cervi, italien ; et Jan Teulings, néerlandais).


 
Inauguration de la statue de Maigret à Delfzijl, en 1966.
(Sergio del Grande, Epoca).
In Georges Simenon,
d'Alain Bertrand
(Lyon, La Manufacture,
1988).


1967  
Début de la publication, chez Rencontre (Lausanne), des Œuvres complètes de Simenon éditées par Gilbert Sigaux (72 volumes, jusqu'en 1973).


  Simenon en 1968.
Photo : Horst Tappe (Fonds Simenon, Liège, Belgique).
In Simenon, de Stanley Eskin (Paris, Presses de la Cité, 1990).


1970
Le 18 novembre, Henriette Brüll, la mère de Simenon, entre à l'hôpital de Bavière à Liège, où le petit Georges, alors enfant de chœur, allait servir la messe tous les matins.

Dans Lettre à ma mère (1974), Simenon raconte qu'il a assisté jour par jour à son agonie. Sur son lit de mort, alors qu'il s'apprête à l'embrasser, elle lui demande comme si c'était la chose la plus naturelle du monde :
- Pourquoi es-tu venu, Georges ?
Elle décède le 8 décembre, à l'âge de 90 ans.

1971 (janvier)
Simenon est élu membre de l'American Academy of Arts and Letters.

1972  
En février, Simenon écrit Maigret et M. Charles, sans se douter qu'il s'agit de son ultime « Maigret » et son tout dernier roman. En effet, le 12 septembre, il veut commencer son 213e roman, Victor, en établit l'enveloppe jaune comme à l'accoutumée, puis l'abandonne et prend la décision de cesser d'écrire des fictions.

A fin octobre, Simenon quitte sa vaste demeure d'Epalinges et s'installe à Lausanne (au 8e étage d'une tour sise 155, avenue de Cour) avec Térésa, sa dernière compagne.

1973
Le 5 février, au consulat de Belgique, Simenon fait remplacer sur son passeport la mention romancier par celle de sans profession.

Le 7 février, le quotidien « 24 heures-Feuille d'avis de Lausanne » publie une interview d'Henri-Charles Tauxe où Simenon explique pourquoi il a pris la décision de cesser d'écrire.

Le 13 février, pour son 70e anniversaire, Simenon s'offre un petit magnétophone. Il va dès lors dicter Un homme comme un autre, la première de ses 21 Dictées.

1974
Toujours à Lausanne et tout en conservant son appartement de la tour dominant l'avenue de Cour, Simenon s'installe définitivement dans une petite maison rose au 12, de l'avenue des Figuiers. Il s'agit de sa trente-troisième et dernière maison (c'est de loin celle où il aura séjourné le plus longtemps : quinze ans et demi).


 
Médaille de bronze à l'effigie de Simenon.
Diamètre : 55 mm. (collection privée).
Médaille non signée, réalisée au cours des années 1970 pour un Cercle du bibliophile au sujet duquel aucune information ne circule et qui aurait édité Simenon en Suisse. La médaille aurait alors été offerte aux souscripteurs.
Deux maisons ont publié Simenon en Suisse : Les Editions Rencontre à Lausanne (œuvres complètes, entre 1967 et 1973) et les Editions Famot à Genève (collection « Les Grands Maîtres du roman policier », au début des années 1970 ; les exemplaires de ladite collection « sont réservés par François Beauval à ses amis bibliophiles »...).
Ces médailles ont cependant été retirées du commerce à la demande de l'auteur, qui se serait opposé à leur diffusion parce que le portrait n'était pas ressemblant. On ignore bien sûr combien de médailles ont été émises et... distribuées !


1975
Dans un entretien avec Francis Lacassin (publié dans « Le magazine littéraire » n° 107, d'octobre 1975), Simenon déclare :
- Aucun progrès n'est possible tant qu'on ne change pas les règles de vie. Par exemple, il y a une institution désuète contre laquelle je lutterai tant que je pourrai, c'est le mariage.

1976  
Le 15 mai à Paris, deux ans presque jour pour jour avant son geste fatal, Marie-Jo, la fille de Simenon, tente de se suicider aux barbituriques.

Le 8 juin, par acte notarial établi à Lausanne, Simenon fait don de ses archives littéraires à l'Université de Liège. Le 3 novembre marque l'inauguration du Fonds Simenon, Centre d'études Georges Simenon, placé sous la direction du professeur Maurice Piron.

1977
En février, au cours d'une conversation avec Federico Fellini parue dans « L'Express », à propos de Casanova, Simenon déclare qu'il a lui-même connu « dix mille femmes parmi lesquelles huit mille prostituées ».

1978  
Le mardi 16 mai, Simenon reçoit un coup de fil de sa fille Marie-Jo. Elle veut lui entendre dire qu'il l'aime. Ce qu'il fait. Quatre jours plus tard, le 20 mai, Marc Simenon apprend par téléphone à son père la mort de Marie-Jo, la veille ou la nuit précédente. Elle s'est tuée d'une balle en plein cœur, à l'âge de 25 ans.

Le 26 mai, incinération de Marie-Jo ; le lendemain, ses cendres sont répandues par son père dans le petit jardin des Figuiers, ainsi qu'elle le lui avait demandé dans un message écrit le 18 mai. Les lettres de Marie-Jo à son père son réunies sous le titre le Livre de Marie-Jo (in Mémoires intimes ; Paris, Presses de la Cité, 1981).

Publication d'Un oiseau pour le chat écrit par Denyse Simenon-Ouimet. Simenon déclare le livre « seulement bon pour les psychiatres ».


 
Un oiseau pour le chat, de Denyse Simenon
(Paris, Jean-Claude Simoën, 1978).
L'ouvrage est en réalité rédigé par quatre journalistes, à partir des bavardages de Denyse Ouimet.
Maîtresse puis épouse de l'écrivain, mère de trois de ses enfants, hôtesse attentive protégeant l'écrivain et ses rites, gérante de la fabuleuse « usine Simenon », Denyse Ouimet a vécu la douloureuse expérience d'être successivement contestée, niée, puis rejetée de tous les rôles qu'elle a tenu durant une vie de voyages, d'aventures, de rencontres et de travail.
Simenon estimait que l'ouvrage relevait de la psychiatrie, mais tout n'est pas à jeter.


1979  
Simenon dicte Destinées, sa 21e et dernière dictée.

1980
De février à novembre, Simenon rédige ses Mémoires intimes, dans lesquels il livre tout de ses trajectoires conjugale, familiale et littéraire. C'est la plus volumineuse de ses œuvres, celle surtout qui lui tient le plus à cœur. Il les rédige à la main, chaque jour de quatorze à vingt heures (en tout 686 feuillets manuscrits, écrits très serrés).

  Simenon en 1981.
Photo : R. Picard/A2 (Fonds Simenon, Liège, Belgique).
In Simenon, de Stanley Eskin (Paris, Presses de la Cité, 1990).

1981
Sous le pseudonyme d'Odile Dessane, Denyse Simenon-Ouimet publie Le phallus d'or, un roman consacré à son célèbre mari, même si elle suggère, en guise d'avertissement, que « toute ressemblance avec un ou des personnages ayant existé… [etc.] » .

Les Mémoires intimes, le dernier livre que Simenon compte publier de son vivant, sort de presse en octobre. Dès le deuxième tirage (novembre), et à la suite du jugement en date du 9 novembre du tribunal de grande instance de Paris à la demande de Denyse Simenon-Ouimet, quelques passages sont supprimés (31 lignes en tout, dont 25 de Marie-Jo).


 
Simenon et Teresa, sa compagne (à Lausanne, dans la petite maison rose).
Portrait non signé et non daté (Fonds Simenon, Liège, Belgique).
In Simenon, de Pierre Assouline
(Paris, Julliard, 1992).


1982  
A partir de mars, Simenon est désormais muet. Il ne reçoit plus que sa famille et de rares amis. Sa vie quotidienne, dans la petite maison rose de l'avenue des Figuiers est toujours réglée au métronome : correspondance, lecture des journaux, promenades régulières plus ou moins longues selon la saison.

1985
Mort de la première épouse de Simenon, Régine Renchon, dite Tigy, à l'âge de 85 ans.

1986 (22 novembre)
Création à Bruxelles de l'association des Amis de Georges Simenon, qui édite les Cahiers Simenon.

1988  
Les Presses de la Cité (Paris) commencent, sous le titre Tout Simenon, la publication des œuvres complètes de Simenon (27 tomes dans la collection « Omnibus », jusqu'en 1993).

1989
Le 4 septembre, à 3h30, Georges prend la main de Teresa et s'éteint doucement à son domicile lausannois : « Enfin, je vais dormir ». Dans sa petite maison rose, à l'âge de 86 ans, Simenon meurt comme il l'avait rêvé : « vieux […] et enfin apaisé. Innocent comme un enfant de chœur. »

Il est incinéré le 6 septembre. La nuit suivante, tout comme il l'avait fait lui-même pour sa fille onze ans plus tôt, Teresa disperse ses cendres sur l'herbe du jardin, à l'ombre du grand cèdre.

Dans un télégramme en provenance de l'Elysée, on relève cet hommage :
« Les livres de Georges Simenon resteront les compagnons de générations de lecteurs de tous les continents. Au confluent lui-même de plusieurs cultures, Georges Simenon nous laisse une œuvre qui est devenue patrimoine collectif de l'humanité. »


 
Simenon et ses femmes.
Dessin de Michel Cabrol.
In « 813, les amis de la littérature policière », n° 29 d'octobre 1989.


1993  


  Porte-clé « Simenon » réalisé à l'occasion de l'exposition consacrée à l'écrivain belge par sa ville natale.


  Telecard « Simenon » émise à l'occasion de l'exposition consacrée à l'écrivain belge par sa ville natale.


1994 (19 octobre)  
A l'initiave de l'association des Amis de Georges Simenon, Les postes belge, française et suisse émettent conjointement un timbre à l'effigie de l'écrivain liégeois.


   


2003 (février)
La Monnaie royale de Belgique émet, à l'initiave de l'association des Amis de Georges Simenon, une pièce de 10 euros à l'effigie de l'écrivain liégeois. Cette pièce de collection est frappée à 50'000 exemplaires.

 

Matière : 925ème argent ;
Titre : 17,34 gr. ;
Diamètre : 33 mm. ;
Poids : 18,75 gr. ;
Graphisme : Luc Luycx ;
Distribution : février 2003.




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